Le facteur ADN

Le nez dans les Archives par Mary Anne Ducharme (édition février 2012)

Nous ne savons peut-être pas vraiment qui sont nos ancêtres.

Les progrès scientifiques des dernières années révèlent que des échantillons de tissus humains renferment des séquences d’ADN aussi individuelles que le empreintes digitales. Les marqueurs génétiques révèlent les liens familiaux : le chromosome Y pour la lignée patrilinéaire et l’ADNmt pour la lignée matrilinéaire. L’ADN autosomal détermine l’origine ethnique et géographique. Des études de groupes de familles mettent parfois au jour des données dérangeantes qui viennent contredire les archives reconnues. Bien que certains experts contestent la validité des analyses d’ADN, les preuves de leur validité s’accumulent.

Longtemps identifiée comme Fille du Roi, Catherine Pillard figure parmi de nombreux cas controversés. On la retrouve dans les tableaux ancestraux de dizaines de milliers de Québécois, les Trudeau, Babeau, Charon/Ducharme, Charbonneau, Denoyon et bien d’autres. À partir d’échantillons d’ADN de descendants connus, il semble qu’elle soit une tout autre personne.

Elle serait née à La Rochelle, en France, vers les années 1649-1651, selon une source consultée, fait qui semble confirmé par un acte de baptême. Les nombreuses graphies de son patronyme dans des documents originaux sèment la confusion. Les archives nous disent qu’elle a émigré au Québec vers 1663, où elle a épousé Pierre Charron en 1665. Ils ont eu 12 enfants qui ont tous survécu et eu leurs propres enfants.

Toutefois, de récentes études dans le cadre d’un projet français portant sur l’héritage ADN suggèrent qu’il est quasiment impossible qu’elle soit d’origine française, qu’elle soit ou non née en France. Des participants à l’étude, qui ont tous Catherine parmi leurs ancêtres, ont des marqueurs génétiques amérindiens du Québec, plus précisément algonquins d’origine sibérienne!

Alors, qui était cette Catherine? Une toute nouvelle voie de recherche réexamine les documents. En tant que jeune femme algonquine, a-t-elle été discrètement assimilée à la population de colons blancs en Nouvelle-France? Les réponses à ce genre de question pourraient nous en dire long sur qui nous sommes.