Bridges Not Borders: accueillons les réfugiés
par Wendy Ayotte pour Bridges not Borders (octobre 2017)
Dans le monde, à chaque minute, 20 personnes sont forcées de quitter leur domicile, d’abandonner leurs biens et leur travail, souvent en perdant leurs proches. Dans le numéro d’avril nous avons été confrontés à la triste histoire de Mamadou. Trouvé gelé et à peine conscient après s’être vu refuser l’entrée à la frontière de Lacolle, Mamadou fait partie de 65 millions d’individus n’étant plus en sécurité aux États-Unis et ailleurs dans le monde après avoir été expulsés de leurs foyers suite à des conflits armés, des persécutions, du nettoyage ethnique et des violations des droits de l’homme.
La plupart des réfugiés se retrouvent dans des pays ayant beaucoup moins de ressources qu’au Canada. Ainsi, au Liban, une personne sur 6 est un réfugié. Au Canada, la proportion est d’une personne sur 333. Mamadou a fuit la Côte d’Ivoire après avoir vu son père tué et sa maison brûlée par des rebelles lors de la guerre civile. Les États-Unis lui ont refusé l’asile mais il a été autorisé à rester temporairement car il n’était pas sécuritaire pour lui de rentrer dans son pays. Cette autorisation a pris fin lorsque le président Trump a habilité les fonctionnaires de l’ICE à arrêter et à expulser de façon sommaire les personnes sans papiers. Parallèlement l’accès au programme d’admission des réfugiés a été suspendu pendant 4 mois. Par conséquent, les personnes vulnérables aux États-Unis risquent d’être renvoyées dans des pays où ils pourraient être persécutées ou même tuées. Pourtant, en vertu du droit international, cela est interdit.
L’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis (STCA) stipule que si quelqu’un se présente à une frontière officielle entre le Canada et les États-Unis et demande l’asile elle sera, dans la plupart des cas, renvoyée aux États-Unis. Toutefois, si elle traverse de façon irrégulière, étant déjà au Canada, elle peut faire une demande de statut de réfugié. La question se pose : les États-Unis sont-ils un pays sûr pour les réfugiés? Le Conseil canadien pour les réfugiés, le Conseil canadien des églises et Amnesty International ne le pensent pas et ont lancé une contestation judiciaire à la STCA.
De plus, en raison de la STCA, la plupart des réfugiés se retrouvent dans une situation paradoxale. Rester aux USA n’est pas sé- curitaire et passer la frontière officiellement ne l’est pas non plus. La Convention de 1951 sur les réfugiés, ratifiée par le Canada, stipule que les États ne peuvent pas pénaliser les demandeurs d’asile entrant dans un pays de façon irrégulière et se présentant sans délai aux autorités. Si le STCA était révoqué, tout le monde pourrait entrer en toute sécurité à un poste frontalier officiel.
Plus récemment, les demandeurs d’asile qui traversaient irrégulièrement provenaient principalement de l’Érythrée, d’Haïti, du Nigeria, de la Turquie et du Yémen. En plus de trouver la sécurité, ils veulent travailler et reprendre le contrôle de leurs vies durement éprouvées. Une fois admissibles à la demande de statut de réfugiés ils pourront postuler pour un permis de travail. Certains demandeurs d’asile auront besoin de l’aide sociale de base du gouvernement du Québec jusqu’à ce qu’ils trouvent du travail (628 $ par mois pour une seule personne). Le soutien aux demandeurs d’asile payé à titre direct ou via les centres d’accueil est la norme dans la plupart des pays occidentaux. Les réfugiés ont toujours contribué à l’essor du Canada et continueront à le faire.
De janvier à août 2017, le Canada a reçu 27 440 demandes d’asile. Ce qui est supérieur à ces dernières années mais inférieur à certaines autres années. Mais, si on compare au million de réfugiés au Liban ou aux 2,9 millions en Turquie, le Canada pourrait-il en faire plus ?
Bridges Not Borders est un groupe de personnes de la région préoccupées par la situation des demandeurs d’asile à la frontière. Nous vous invitons à participer et à échanger avec nous ! bienvenuerefugeeswelcome@gmail.com www.bridgesnotborders.ca