1799
par Mary Ducharme, traduction Chantal Lafrance (édition octobre 2014)
La pancarte de bienvenue à l’entrée du village d’Hemmingford dit: “Depuis 1799”. Mais qu’est-ce que cela signifie au juste?
Cela signifie que, sous le règne du Roi Georges III d’Angleterre, le 18 mars 1799, conformément au document intitulé «Les terres concédées par la Couronne dans la Province de Québec», la signature de la constitution du canton d’Hemmingford fut signée à Québec. Les documents officiels de l’époque relatent que notre région comportait des “terres perdues”, c’est-à-dire une nature sauvage, parsemée de marais non-naviguables. Les terres ne comptaient aucune route et peu de familles installées illégalement.
1799 fut l’année où 100 lots furent octroyés, dont le Lot 4, qui fut donné à James Fisher. Les personnes qui avaient demandé à recevoir un lot avant cette date ne furent pas légalement propriétaires. Cependant, il fut décidé par une loi gouvernementale que, quiconque qui s’était installé avant 1799 aurait la permission de garder sa terre aussi longtemps que cette personne soit sur une terre n’étant pas une propriété de l’Église ou de la Couronne. De plus, ce propriétaire devait effectuer des améliorations substantielles sur ses terres.
Hinchinbrook et Hemmingford ont été officiellement recensés et subdivisés en lots de 200 acres. Alors que ce ne fut pas es- sentiellement des Loyalistes qui s’établirent sur les terres, une préférence était accordée aux réfugiés loyalistes, ainsi qu’aux vétérans des régiments britanniques, parce que les terres étaient situées sur la “frontière pour concentrer les populations”. Les Loyalistes de l’Empire uni étaient des anti-révolutionnaires qui restèrent fidèles à l’Angleterre pendant la Révolution américaine. Chaque personne devait être recommandée et paraître en personne devant le commissaire du gouvernement qui révisait sa demande en vue d’obtenir une bourse au Canada. Les commissaires évaluaient le tempérament de chacune des personnes et celles-ci devaient prêter serment, incluant celui d’être fidèle à la Couronne, en vue d’établir une population loyale et capable de défendre la colonie contre une invasion américaine.
Des preuves étaient requises comme quoi chaque postulant avait servi dans l’armée britannique en Amérique du Nord et ce, dans des domaines spécifiques: les départements civils, officiers de bataillons, ou dans les rangs. Certains reçurent des bourses pour avoir perdu leur propriété à cause de leur loyauté envers la Couronne. Un officier haut gradé pouvait postuler pour obtenir un lot de plus de 5000 acres, alors qu’un individu était éligible à demander 200 acres. De plus, chaque membre d’une même famille recevait 50 acres additionnels (la priorité était accordée aux hommes mariés). Le coût était de 12 livres et 10 shillings pour 1000 acres. Pour éviter qu’un même individu ne s’empare de plusieurs lots et que cela mène à des spéculations foncières, les propriétaires devaient se conformer à des règles: pour chaque 100 acres acquis, le propriétaire devait, sur cinq acres, cultiver, défricher et drainer, si les terres étaient marécageuses, et élever au moins trois troupeaux de têtes –tout ça en sept ans-. Si ces “exigences d’établissement” n’étaient pas respectées dans les temps spécifiés et que le propriétaire ne vivait pas sur sa terre, il perdait sa propriété. Après avoir reçu leur terre, beaucoup de propriétaires décidèrent de ne pas y vivre et de la vendre.
En 1791, l’Acte du Canada créa le Haut et le Bas-Canada, et un des réglements stipula que les terres non-réclamées n’étaient plus sujettes au régime seigneurial, l’ancien système français de possession des terres. À Hemmingford, qui comptait beau- coup de terres non-réclamées, les gens eurent l’opportunité de devenir propriétaires, sans être dépendants d’un seigneur, mais possédant leurs propres actes de propriété. Ces changements représentèrent une occasion alléchante pour les gens qui avaient toujours été sous la dépendance de riches seigneurs.
En 1792, la province fut divisée en 21 comtés et l’arpenteur de l’époque, le Général William Chewett de London, donna le nom de Comté de Huntingdon à notre région, et les noms de Hemingford, Godmanchester et Hinchinbrooke aux trois cantons. Ces noms proviennent d’endroits dans le comté anglais de Cambridge, une région bien connue par Chewett. On ne sait trop de quelle façon, mais on rajouta un « m » à l’épellation de notre Hemmingford.