Le vieux St. Paul’s

par Mary Ducharme (traduction : Yvon Paquette)  (octobre 2018)

Sur une voie secondaire du canton de Hemmingford, appelée chemin Napper, se trouve un terrain de broussailles et d’arbres, un endroit mystérieux cachant toute une histoire. À quelques mètres du chemin, on voit des murs de pierre en ruines, les restes de la vieille église anglicane de St. Paul’s, et tout près se trouvent des pierres tombales renversées. Des sections de murs, risquant de s’effondrer, montrent une construction en petites pierres des champs. On raconte que la structure était insuffisamment renforcie dans les coins, ce qui aurait causé l’ouverture des murs.

Le diocèse anglican de Montréal abandonna le site qui a depuis été vandalisé au cours des ans. La propriété, connue au début sous le nom de “Starnes’ Settlement”, est située dans le troisième rang sur le lot numéro 3 sur la rive est de la petite rivière Montréal. Dans une lettre patente de terre du Bas-Canada, cent cinquante acres de la Couronne ont été octroyés à John Napper (1777-1858) pour 28 livres et 10 shillings le 16 octobre 1839. Le 20 du même mois, une partie en fut attribuée au clergé protestant.

La congrégation de St. Paul’s, qui fait partie de la Mission Sherrington, fut fondée en 1840 par le Révérend Henry Hazard. L’église de 50’ x 30’, qui pouvait asseoir 200 personnes, fut complétée en 1855 au coût de $1,554. En 1860, la même année de l’ouverture de St. Luke’s à Hemmingford et de l’église St. John the Baptist à Bogton, il semble que St. Paul’s fut abandonnée. D’autres sources suggèrent que l’église fut utilisée pendant trente ans.

Alors que les registres diocésains anglicans contiennent des rapports du clergé, des détails sur des individus de la congrégation demeurent cachés, sauf pour le témoignage silencieux des pierres tombales. Une de ces pierres nous informe du décès, en 1856, du fils de quatre mois de Robert et Ann Wright. Un fragment maintenant disparu portait son nom. Il y a aussi la pierre tombée de Andrew Clark qui décéda le jour de Noël en 1884, précédé en 1847 par son épouse, Agnes McComb à l’âge de 32 ans. Une autre pierre rapporte le décès prématuré de Jane, âgée de dix ans, la fille de Joshua Williams.

En 1955, Ernest Dawson, pasteur anglican de Lacolle, visita St. Paul’s. Plus tard il écrivit la description d’une scène de négligence. Il y inclut l’ébauche d’une des rares pierres encore debout, un monument gravé au nom de Charles Starnes, qui mourut dans un accident de cheval en 1843. Il n’y a plus maintenant de trace de cette pierre. Andrew Starnes (1772-1843), qui possédait 1,000 acres de terre et exploitait un moulin sur la petite rivière Montréal, fut enseveli à Napierville, mais il s’était illustré lors du développement initial à Hemmingford. En 1924, un feu qui détruisit la maison de pierres de Andrew à Hemmingford, détruisit aussi probablement des documents irremplaçables d’histoire de la famille. Les Starnes étaient une famille très importante qui comptait dans sa généalogie un maire de Montréal et un capitaine de la marine. C’est une portion de notre héritage qui mérite d’être mieux connue.

Beaucoup d’histoires sont enterrées dans ce sol, mais les pierres encore lisibles révèlent un point commun: la plupart de ces colons sont nés en Irlande du Nord et ils semblent avoir émigré au début du dix-neuvième siècle. Par exemple, il y a Simon Spearman, né en 1780, enregistré sur un recensement comme forgeron de Tipperary qui émigra en 1830.

La pierre, presqu’illisible, de John (Gill) Napper de Tipperary, et son épouse Mary Bowles, intrigue.

La famille Napper était nombreuse à Hemmingford, et leur nom fut donné à un chemin du canton, mais il y a très peu d’information disponible. Un autre incendie brula des documents historiques au même moment où il détruisit le presbytère anglican original construit autour de 1861. (Il était situé sur la propriété actuelle du Verger Pelletier sur la route 202). Des sources sur internet montrent que John et Mary se sont mariés à Dublin, qu’ils émigrèrent en 1823 et qu’en 1825 John était recensé comme cultivateur à Hemmingford. Selon Ancestry.com ils eurent huit enfants, quelques uns nés en Irlande, les autres au Canada. John était cordonnier, membre d’une association de cordonniers, et il continua dans ce métier avec son fils Charles après son émigration.

Une mystère demeure autour de ces familles anglo-irlandaises qui ont vécu des temps turbulents et ont été déracinées plus d’une fois avant de pouvoir former une congrégation chez nous.

Dans de futurs articles, nous allons étudier les efforts locaux de préservation des cimetières. Nous allons aussi revoir l’histoire du lien de Sherrington à l’église St. James the Apostle, et le rôle que la politique, sur l’utilisation des terres, joua dans la mission Sherrington.

Vous pouvez contacter Mary Ducharme, Archives Hemmingford, 450 636-8686, ou à la maison 450 247-3193, ou maryanneducharme@gmail.com.