Les briques de Hemmingford

par Don McEwen, traduction Mario Leblanc (édition août 2014)

Enfant, j’étais fasciné par les maisons et édifices d’Ormstown. Je me suis aperçu alors qu’un grand nombre de maisons d’Ormstown et des villes voisines jusqu’à Hemmingford, étaient couvertes de briques rougeâtres sur lesquelles on pouvait distinguer plusieurs teintes. J’étais intrigué quand je comparais ces briques avec d’autres qui étaient ternes et monochromes.

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peinture : Sharon Mark

J’ai découvert qu’entre 1840 et 1920, il y eût à Hemmingford jusqu’à trois cents employés répartis entre huit fonderies. Les briques de Hemmingford furent notamment utilisées sur plusieurs maisons dans le quartier qui entoure McGill University. Parmi les raisons, il y a la présence, à l’époque, du chemin de fer mais il y a surtout le fait que les architectes et propriétaires appréciaient la beauté particulière de ces briques. On peut penser que si les pierres de la région avaient été plus attrayantes – si on se fie au nombre de mur de pierres que l’on voit, la région est certes fertile en pierres! – on les aurait utilisées comme matériau de construction plutôt que la brique.

La brique se fond facilement dans l’architecture de ce temps-là : c’est l’arrière-plan idéal pour les détails ornementaux de la période victorienne. Après 1840, la brique n’est plus essentielle comme élément structurel à cause de l’utilisation du bois pour la structure interne.

Le procédé de fabrication de la brique fait en sorte qu’elle très onéreuse en comparaison du coût de la pierre et du bois. Premièrement, il faut nettoyer le sol sur l’argile de façon à l’exposer au gel hivernal. Le dégel venu, on doit creuser l’argile, le mélanger avec de l’eau et le remuer dans de grandes cuves en utilisant la force des chevaux pour le barattage. Le tout est coulé dans des moules en frêne et recouvert de sable. Libérées de leurs moules, les briques sont placées dans un lieu couvert où elles pourront s’assécher pendant une semaine ou deux. Puis elles aboutissent dans un four où elles sont chauffées, d’abord à basse température pour en extraire le plus d’humidité possible, puis à une température de 1800 degrés avec le charbon comme moyen de combustion. Finalement le four est démonté et les briques sont classifées.

C’était de l’ouvrage! Mais quand on voit le résultat extraordinaire, encore aujourd’hui, sur les maisons et églises …on peut dire que ça valait vraiment la peine.