Les cendres ou l’humus?
par Annabel Strate-Friesen et Mary Strate; traduction par Annabel (édition août 2014)
La semaine dernière, nous avons dû brûler un amas de broussailles après avoir abattu des arbres pour le bois de chauffage. Bien que le feu soit amusant pour les enfants, j’étais un peu inquiète. (Comme je suis asthmatique, je suis le canari de la famille et je hais les polluants atmosphériques tels que la fumée, le méthane et les aérosols.) Je rappelle donc doucement à maman qu’elle contribue au réchauffement climatique et qu’elle va ruiner mon avenir. Elle fait de la «culture sur brûlis» en réduisant et en brûlant nos forêts pour faire place à des espaces cultivables. Je préfère qu’elle utilise le fumier et l’humus pour engraisser la terre de notre potager.
Certes, la cendre de bois aide le jardin de Mary à croître, mais ne s’est-elle jamais demandé pourquoi les agriculteurs d’Hemmingford ont une si belle terre noire ? Est-ce que quelqu’un se souvient du poème : «Au lieu du brûlis, ils ont des tas de fumier.»
L’humus est constitué de fumier, de restes de légumes, de coquilles et autres déchets ménagers organiques qui ont composté un certain temps. Il existe des preuves géoarchéologiques comme quoi des agriculteurs néolithiques en Grande-Bretagne utilisent préférentiellement des amas mésolithiques pour ensemencer leurs cultures (Guttmann, 2005). Qui aurait pensé que les meilleures terres de Grande-Bretagne seraient composées des coprolithes des hommes des cavernes ? Est-ce que le père de Matthew verrait les prix de l’immobilier augmenter suite à ces nouvelles? C’est vrai : les meilleurs sols pour les cultures sont ceux qui ont été «décorés» avec des excréments.
Nos voisins engraissent leur terre avec de la terre noire de la Montérégie et avec du fumier vieilli dans les champs. La terre noire est de la mousse de tourbe principalement, soit de la matière organique qui a été compostée sur une longue période. En fait, il s’accumule à un taux d’environ un millimètre par an faisant un sac de mousse de tourbe, plus âgé que mon père! (Ceci dit, une dame du canton gâte ses chevaux et n’a presque jamais de problèmes de sabots grâce à la mousse de tourbe.)
La terre noire mélangée à du fumier est un élixir que les jardiniers adorent et c’est de l’or noir pour les jardiniers biologiques. Le parrain du jardinage biologique, George Washington Carver, a été l’un des premiers à constater la valeur dans cette alchimie dans un dépotoir rempli de fumier. Carver a démontré dans une ferme expérimentale que les familles pouvaient économiser de l’argent, qui aurait été dépensé autrement sur des engrais coûteux, par le compostage des déchets organiques et du fumier animal. Cet humus sert maintenant à engraisser leurs champs. Les agriculteurs sauvent maintenant de l’argent et ont des rendements plus élevés.
Personne, pas même Guttmann (2005), a été en mesure d’identifier la première civilisation qui s’est rendu compte que les vieilles bouses et les pommes de route sont précieuses, mais nos agriculteurs le savent depuis longtemps. C’est pourquoi nous faisons tranquillement notre propre compost pour enrichir notre jardin après avoir appris cette pratique de nos voisins.
Si vous avez mangé aujourd’hui, remerciez un fermier.