Petits gnomes de la forêt
texte & photo: Norma A. Hubbard, traduction : Amelie Delisle Van Wijk (juin 2019)
Lorsque je marche dans les bois, je suis toujours à la recherche de ce qui est nouveau ou différent. Certaines plantes sont très bonnes pour se cacher et les morilles (Morchella spp) sont maîtres dans l’art de se cacher tout en étant bien en vue. La mycologie est l’étude des champignons, et les mycologues et les cueilleurs de champignons amateurs doivent s’entraîner à les déceler pour trouver ces champignons populaires.
Il existe plusieurs sortes de morilles et je crois que les morilles dans notre région sont des Morchella esculenta. Je dois toutefois vous aviser concernant l’ingestion de champignons sauvages; je suis peut-être en mesure de déceler ces champignons difficiles à trouver, mais je ne suis pas une experte! De plus, personne ne devrait manger de morilles crues. Les morilles contiennent une petite quantité d’hydrazine, qui est nocive si ingérée, mais elle s’évapore lorsque le champignon est cuit. Il devient donc comestible. En mettant ce danger de côté, il faut savoir que les morilles ont une valeur nutritionnelle. Elles contiennent de la vitamine D, de la vitamine B complexe, des fibres et des minéraux, et elles ont une haute teneur en protéines. Mais, comme un cueilleur de champignons a dit, peut-être qu’une partie des protéines peut provenir des insectes qui se trouvent dans le chapeau du champignon! La meilleure façon de conserver les morilles est de les sécher si elles ne sont pas consommées fraîches. Quoique je n’aime pas vraiment en manger, plusieurs livres de recettes les nomment comme l’un des champignons sauvages les plus goûteux.
Les morilles me rappellent les gnomes, particulièrement parce qu’on les retrouve dans les débris de la forêt, souvent cachés par les feuilles. Leur capuchon est brun-jaune et est allongé et pointu, tout comme le chapeau d’un gnome! Le capuchon a la texture d’un nid d’abeilles, c’est pourquoi les insectes s’y cachent et qu’il faut les nettoyer et les cuire avant de les manger. Les morilles peuvent atteindre une taille de 5 à 20 cm (2 à 7,5 po) et ils se tiennent seuls ou en paires alors que d’autres poussent tout près.
Les champignons sont composés de deux parties, le capuchon et la queue. Ceci est important de le remarquer lorsqu’on tente d’identifier des morilles. Les morilles communes ont une queue et un capuchon qui sont soudés et ils sont creux. J’en ai coupé un en deux pour vous montrer l’intérieur creux (voir la photo). Il existe de fausses morilles, qui ne sont pas bonnes à manger, qui ont des capuchons qui pendent par-dessus leur queue et leurs queues sont pleines. Les champignons sont divisés en deux groupes, les ascomycètes et les basidiomycètes. Les morilles font partie de la famille des ascomycètes. Ce groupe produit des spores qui s’éparpillent au vent. Par conséquent, lorsque vous trouvez une morille, vérifiez dans le sens du vent pour trouver d’autres champignons.
Jusqu’à tout récemment, les fermiers n’étaient pas en mesure de reproduire des morilles de manière commerciale. Selon Penn State, la Chine a réussi, dans une certaine mesure, à cultiver des morilles. En Amérique du Nord, la culture de morilles a eu un succès limité, donc elles ne poussent habituellement qu’en milieu sauvage. En raison de cela, il existe de nombreux sites Web dédiés aux cueilleurs de morilles. Apparemment, les morilles sont assez amusantes à chercher et je dois dire que j’étais très heureuse d’en trouver sur mon terrain.
Donc, quelle est la meilleure place pour en trouver? Cela varie selon les cueilleurs. Les morilles poussent dans les forêts et semblent favoriser les régions avec des chênes ou d’anciens vergers. De grandes quantités de morilles poussent sur les lieux d’un feu de forêt, près des prés, le long des vieux rails de chemin de fer, sur des souches pourries et dans plein d’autres endroits. J’ai trouvé mes morilles dans un endroit entre un chêne et un pin. Ces types d’arbres peuvent avoir une relation symbiotique avec les morilles, mais cela ne semble pas avoir été prouvé scientifiquement. Il semble que ces champignons sont plutôt mystérieux. Les morilles poussent habituellement au printemps ou au début de l’été, donc c’est le moment de les chercher.
Les morilles sont très coûteuses et ont de nombreux amateurs, donc lorsque j’ai dit à une collègue que j’avais jeté une morille au compost après l’avoir coupée en deux, elle s’est exclamée « C’est presque un sacrilège! » Oups, la prochaine fois je lui donnerai. Je continuerai d’être heureuse de découvrir de nouveaux éléments excitants de la nature sur mon terrain et, la plupart du temps, je suis heureuse de laisser la nature là où elle se trouve.
Sources : Jordan, P. & Wheeler, S., The Ultimate Mushroom Book (2001); Volk, Thomas J., Tom Volk’s Fungi [en ligne]