Promenade dans la forêt

texte et photos: Norma A. Hubbard, traduction, Mario Leblanc (édition juin 2012)

Le poème de Robert Frost The Road Not Taken (La route non prise) me vient toujours à l’esprit quand je me promène dans notre forêt. Le poème traite des choix dans la vie et com- ment on prend parfois l’autre route “parce qu’herbeuse et manquant d’usure”. Je me remémore ce poème non pas parce ce que j’ai le choix entre deux sentiers (même si effectivement j’ai un grand choix de sentiers dans notre forêt) mais bien à cause du choix que Ron et moi avons fait de “prendre le sentier” de vivre en campagne. Il n’y a pas une journée qui passe sans qu’un de nous deux mentionne à quel point c’est merveilleux de vivre en campagne … ce qui m’amène au sujet dont je veux vous entretenir : la flore incroyable que nous avons dans la région et la nécessité de protéger nos fleurs sauvages.

promenade1J’aime marcher dans notre forêt à toutes les saisons et chacune a quelque chose de spécial à offrir. C’est au printemps que l’on remarque le plus de changements alors que la forêt revient à la vie suite à l’hiver. Enfant, quand je marchais dans la forêt, je voyais plusieurs sortes de fleurs et je pouvais même en nommer quelques unes, mais je ne pensais à la préservation. Une de mes fleurs favorites était, et est toujours, la belle et irréelle ancolie du Canada (aquilegia canadensis). Cette plante, comme plusieurs autres, a des vertus médicinales; on mentionne même que les graines peuvent agir comme “filtre d’amour” si elles sont écrasées sur les mains d’un homme! Je ne sais pas si c’est vrai, toutefois ces superbes fleurs sont en danger dans certaines régions ce qui fait que, comme avec toutes les fleurs sauvages, on peut les admirer mais on ne doit pas les cueillir. Plusieurs variétés d’ancolies cultivées sont disponibles dans les pépinières : vous pouvez les planter dans votre jardin et les colibris vont les apprécier autant que leurs versions sauvages.

Une autre fleur sauvage incroyable que l’on peut trouver dans la région est le “sabot de la vierge” (cyripedium acaule) de la famille des orchidées (orchidaceae). Cette fleur spectaculaire est la fleur emblématique de l’Île-du- Prince-Édouard. Contrairement à d’autres endroits au Canada, ces orchidées sauvages sont plutôt rares dans notre région. Nous sommes choyés que ces fleurs poussent dans nos forêts, mais il faut surtout résister à la tentation de les cueillir ou de les transplanter. De toute façon, la transplantation ne fonctionnera pas et la fleur ne repoussera plus si vous la cueillez. Maintenant Ron et moi nous contentons de les admirer lors de nos promenades tout en nous assurant de ne pas marcher dessus!

promenade2Ce ne sont que deux des multiples et merveilleuses fleurs sauvages que l’on peut trouver dans notre région. Il y a également l’érythrone d’Amérique, la pervenche, le trille, le maïanthème du Canada, la smilacine à grappes, la stellaire graminoïde etc. Nous devons apprécier la nature quand nous marchons dans nos sentiers, donc quand vous marchez dans une forêt de la région et que vous vous sentez comme Robert Frost (“je doute que jamais j’y revienne à nouveau”), ne cueillez pas les fleurs en guise de souvenir, mais laissez- les pour que d’autres puissent en profiter “et c’est ce qui [fera] toute la différence”.