Souveraineté alimentaire
par Benoît Bleau (édition juin 2015)
Le mouvement paysan mondial appelé La Via Campesina, définit ainsi la souveraineté alimentaire : «Le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée produite à l’aide de méthodes durables et leur droit de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires.» Aujourd’hui, avec les accords internationaux orchestrés par les multinationales de l’agro-alimentaire, ces droits sont gravement menacés et souvent violés.
Mais que pouvons-nous faire concrètement?
Voici les principaux défis auxquels nous sommes confrontés :
Un premier défi : le respect des travailleurs et travailleuses dans toute la chaîne alimentaire, particulièrement les travailleurs saisonniers. Ça vous dit quelque chose? Oui, ce sont ces ouvriers qu’on peut observer durant les chaudes journées d’été ou à la pluie battante dans les champs de terres noires de notre région. Ils sont plus de 8500 chaque été à quitter leur famille pour venir travailler ici. Nous sommes bien heureux de les avoir à notre service car très peu d’entre nous accepterions de faire ce travail au salaire minimum et dans les mêmes conditions. Mais comme société, sommes-nous prêts à leur accorder les mêmes droits qu’à nos concitoyens? Le programme «Somos Hermanos», parrainé par les diocèses de Longueuil et de Valleyfield, assure un accompagne- ment à ces travailleurs saisonniers. Pour plus de renseignements : www.facebook.com/somoshermanos
Un second défi : le respect des habitants de la terre qui ont besoin d’une alimentation saine à prix abordable. Actuellement, plus de 850 millions de personnes souffrent de la faim et parmi eux, une majorité de paysans et de petits agriculteurs. En effet la monopolisation des sols pour les cultures industrielles prive les habitants des terres qui devraient en priorité servir à les nourrir. De plus, quand on donne la priorité à des cultures destinées à produire des agro-carburants comme le méthanol, on gonfle artificiellement le coût des denrées de base telles que le maïs, rendant ainsi l’achat de ces aliments inaccessible aux peuples moins fortunés. Comme le dit Laure Waridel, « acheter c’est voter ». Nous avons tous une influence par les choix que nous faisons que ce soit à l’épicerie ou dans nos habitudes alimentaires. En priorisant les achats de produits locaux et de saison, comme ceux des Jardins d’en Haut (voir page 14), nous soutenons directement l’agriculteur de proximité et aussi indirectement le paysan du sud en réduisant la pression sur les cultures industrielles. Il en résulte moins de transport donc moins de gaz à effets de serre et surtout c’est bon pour l’économie locale. Du moins, quand nous achetons des produits qui viennent du sud, assurons-nous qu’ils soient certifiés équita- bles; nous saurons ainsi que les paysans les ayant produits ont été respectés. Pour références consulter : www.equiterre.org
Un troisième défi: le respect de la terre dont les ressources sont limitées. Depuis la deuxième guerre mondiale, nous ne regardons plus le sol de la même manière. Il est devenu un outil de production qui doit répondre aux mêmes lois économiques que celles qu’on applique à l’industrie c’est à dire que le rendement a priorité sur la qualité, le goût et l’aspect nutritif. Les entreprises pétro-chimiques et pharmaceutiques ont rapidement réalisé qu’il y avait un im- mense potentiel dans la vente de fertilisants et de pesticides. Leurs forts lobbies ont efficacement pris d’assaut les hautes sphères décisionnelles mondiales pour les influencer à promouvoir cette agriculture moderne qui devait éradiquer le problème de la faim dans le monde mais dont on constate aujourd’hui l’échec monumental.
On a oublié que le sol est un être vivant et que si on ne respecte pas les lois naturelles, il se dégrade et perd son potentiel vital. C’est notre survie qui est en jeu. Encore là, comme consommateurs nous avons la possibilité de faire des choix qui réduisent l’impact de notre passage en ce monde. Le site : foodsecurecanada.org nous donne plein d’outils pour réfléchir, choisir et agir de façon à protéger notre terre nourricière. Donnons-nous donc la chance de remettre en question nos habitudes et de faire les choix que notre conscience nous dicte.