Une mission de sauvetage
par Norma A. Hubbard (traduction : Amelie Delisle Van Wijk) août 2018
Dernièrement, je retournais chez moi après une soirée chez un ami et, même dans la pénombre, je pouvais apercevoir la forme de quelque chose de différent, de déplacé, dans mon allée. Au début, je croyais que c’était une roche, j’ai donc sorti mon téléphone cellulaire pour l’éclairer. C’était une tortue! Il y avait du sang sur sa carapace. Je l’ai touchée délicatement avec une branche pour voir si elle était encore en vie. Elle a bougé; elle était en vie. Donc, avec les tortues qui traversent la rue, nous sommes censés les aider à aller dans la direction qu’elles avaient prise. Ma tortue avait été frappée par une voiture et se dirigeait vers Hemmingford. J’ai décidé qu’elle était probablement à la recherche d’eau et que je l’amènerais à mon étang puisque tous les fossés étaient à sec en raison de la canicule. J’étais en mission pour sauver ma tortue et j’ai couru chercher un seau.
Je ne connais pas grand-chose aux tortues, toutefois, je crois que celle-là était une tortue peinte (Chrysemys picta). Je peux m’être trompée; peu importe, les tortues peintes sont communes dans notre région. J’aurais dû la retourner pour vérifier puisqu’il est plus facile de l’identifier de cette façon, mais je ne voulais pas lui imposer davantage de stress puisqu’elle était blessée. Les tortues font partie de la famille des reptiles et peuvent vivre jusqu’à 100 ans. Une autre tortue commune dans la région est la tortue serpentine, qui est plus grosse. Je me rappelle ce que m’avait enseigné mon père lorsque j’étais jeune sur la raison de leur nom anglais, « snapping turtle » (littéralement tortue mordante). Nous en avions trouvé une grosse près de la rivière et mon père lui avait présenté une branche. Snap! Cette tortue était rapide. C’est pourquoi j’ai touché ma petite tortue avec une branche lorsque je l’ai aperçue; j’aime bien mes doigts. Lorsqu’on s’approche d’un animal sauvage, tout le monde devrait être prudent, même si vous croyez que c’est une jolie petite tortue.
Les tortues peintes sont relativement petites, seulement 11 à 14 cm environ. La coquille supérieure, la carapace, est de couleur brune ou olive. La coquille inférieure, le plastron, est plus colorée. Les tortues peuvent avoir des lignes jaunes et rouges le long de leur tête et de leur cou, ainsi qu’un peu de rouge autour de la coquille supérieure. Elles n’ont pas de dents, elles utilisent une partie de leur mâchoire qui ressemble à du papier de verre pour manger leurs proies. En général, les tortues ne sont pas difficiles. Au début de leur vie, elles sont carnivores, puis deviennent habituellement herbivores. Elles peuvent manger des insectes, des poissons, des escargots, des têtards, des grenouilles et des plantes aquatiques comme des nénuphars. Je ne crois pas que les grenouilles dans l’étang étaient contentes que j’aie invité une tortue chez elles! Les tortues préfèrent vivre dans des endroits humides comme les étangs, les lacs ou les ruisseaux. Les tortues respirent de l’air et peuvent rester sous l’eau pendant plusieurs heures et même plusieurs jours à la fois.
Les tortues peintes se reproduisent au printemps, habituellement dans l’eau. Un mâle « courtisera » une femelle en lui caressant le cou. La femelle pondra des œufs dans des nids faisant face vers le sud pour que les œufs soient au chaud. Elle pondra un œuf à la fois et un nid peut contenir entre 4 et 15 œufs. Une fois que la femelle a terminé de pondre, les œufs sont recouverts, tassés et laissés seuls. Les prédateurs comme les ratons laveurs, les moufettes, les coyotes ou les ours peuvent creuser pour trouver les œufs ou chasser les jeunes tortues. La période d’incubation est d’environ 80 jours, donc certains petits peuvent rester tout l’hiver dans le nid et sortir seulement au printemps suivant. Un fait intéressant est que le sexe de la tortue est déterminé par la température du nid pendant l’incubation : une température fraîche produit des mâles et une température plus chaude produit des femelles. J’imagine qu’en raison de l’été chaud de cette année, il y aura de nombreuses femelles l’an prochain.
Qu’est-il arrivé à ma tortue? Je l’ai placée dans le seau et l’ai amenée à mon étang. Il faisait noir, les insectes me piquaient et les coyotes hurlaient. Je croyais que ma tortue pourrait survivre, succomber à ses blessures ou devenir de la nourriture à coyote… des options qui sont toutes meilleures que la laisser sur le bord de la route. Je l’ai laissée sur la rive boueuse de l’étang. Le lendemain matin, elle s’était enfouie dans la boue et était toujours en vie. Le surlendemain, elle avait traversé l’étang à la nage et se reposait dans la boue. Au troisième jour, je ne trouvais plus ma tortue. Il n’y avait aucune trace de pattes de coyote ou de raton laveur dans la boue, j’espère donc que ma tortue est en vie quelque part et que ma mission de sauvetage est réussie. Pensez à ralentir sur nos routes et souvenez-vous que ce qui est magnifique dans cette région, c’est de vivre au milieu d’une nature si riche et diversifiée.
Sources: Fédération canadienne de la faune [en ligne]
The New Book of Knowledge (1980)