Une secousse dans la nuit
texte et photo : Norma A. Hubbard, traduction Chantal Lafrance (août 2015)
Une des choses merveilleuses de vivre à la campagne, c’est les nuits obscures. Lorsque nous éteignons les lumières, il fait noir – quelquefois, il fait tellement noir que c’en est épeurant – alors, ce n’est pas surprenant qu’une nuit, il y a quelques années de cela, je fus un peu effrayée lorsque quelque chose a “cogné”. Il n’y avait pas de lumière à l’extérieur et seulement un peu de clarté dans la maison; j’ai alors aperçu quelque chose à la porte d’entrée. J’ai allumé les lumières à l’extérieur et regardé par la fenêtre. Rien. C’est alors que boum! Un gros papillon s’est cogné contre la lumière! J’ai rapidement fermé toutes les lumières, attrapé ma lampe de poche et suis sortie à l’extérieur. Tout ce que j’ai trouvé, c’est un morceau d’aile…
Le morceau provenait de la partie terminale de l’aile, qui est tellement délicate et d’une couleur vert lime brillant : c’était assez d’indices pour que je me rende compte qu’il s’agissait d’un papillon-lune (Actias luna). Je n’avais jamais vu ce papillon auparavant et j’étais déçue d’avoir seulement un bout de son aile. Alors que certains penseront que c’est simplement un papillon, le papillon-lune est impressionnant avec l’envergure de ses ailes qui fait de 7,5 à 10,5 cm (ce qui est presque cinq pouces). Mais sa taille n’est pas ce qui est le plus impressionnant chez lui : c’est le fait qu’on puisse le voir –apercevoir ce papillon est en effet très spécial, étant donné qu’il vit seulement sept jours sous sa forme adulte!– (Ce sera d’ailleurs seulement deux ans plus tard que j’aurai la chance d’en apercevoir un brièvement, pendant la journée, tout en essayant de prendre quelques photos).
De mai jusqu’en juillet, les papillons-lunes adultes passent le plus clair de leur temps à s’accoupler; ils n’ont plus de bouche pour se nourrir. Les accouplements ont lieu la plupart du temps après minuit, alors que les femelles libèrent des agents chimiques pour attirer les mâles. Leur cycle de vie est similaire à celui des autres papillons, avec des œufs qu’ils déposent sur les feuilles des plantes. Les œufs se retrouvent souvent sous les feuilles de noyer. Au bout d’une semaine à 10 jours, les œufs se transforment en chenilles. Les chenilles vont croître pendant des semaines, pour ensuite utiliser des feuilles sèches et de la soie pour faire des cocons. Dans nos régions, les cocons se trouvent près des arbres, comme près du bouleau blanc, du caryer, du noyer et du sumac (rhus).
Les ailes du papillon-lune, comme chez bien des papillons, ont des “yeux”, ce qui les aident à éloigner les prédateurs; même si des articles du National Geographic citent des études récentes affirmant que les cercles sur les ailes des papillons-lunes ne mi- ment pas des yeux, ces cercles ont quand des même des effets dissuasifs pour les prédateurs. Selon les magazines scientifiques, les ailes allongées des papillons-lunes ne sont pas seulement magnifiques, mais elles leur servent de protection contre les chauves-souris. Apparemment, les papillons dupent les chauves-souris avec le mouvement de leurs longues ailes et, en cas d’attaque, ils “sacrifient” la partie terminale de leurs ailes pour sauver leur corps.
Les papillons-lunes portent probablement ce nom parce qu’on peut les voir lorsque la lune éclaire la nuit; on les nomme aussi papillons-lunes américains. Leur survie n’est pas en danger : cependant, comme il est préférable pour ces créatures nocturnes d’avoir de l’obscurité, il est recommandé de fermer nos lumières extérieures lorsque nous n’en avons pas besoin. Laissons-nous emporter par la beauté de nos nuits en nous rappelant cette prière écossaise :
“Des goules et des fantômes
Et des bestioles à longues jambes
Et des choses qui nous apparaissent dans la nuit,
Délivrez- nous, mon Dieu!”
Sources:
www.butterfliesandmoths.org/
www.news.sciencemag.org
www.news.nationalgeographic.com
www.fcps.edu