Ce n’est pas seulement une vie d’insecte
texte et photos: Norma A. Hubbard, traduction Chantal Lafrance (édition octobre 2013)
J’adore jardiner. Cela me relaxe de creuser la terre et de regarder mes plantes pousser. J’aime aussi manger des pommes. J’en mange régulièrement, c’est pourquoi il m’est difficile d’imaginer un monde sans fleur ou pomme. Cependant, si le déclin des populations d’abeilles se poursuit, – cela pourrait bien se produire – , les pommes ne seront pas les seuls fruits que nous perdrons. Près de 80% des denrées que nous avons dans nos épiceries sont reliées aux abeilles.
Dans les dernières années, nous avons beaucoup entendu parler du déclin des populations d’abeilles. Nous avons besoin des abeilles pour la pollinisation de nos fleurs, spécialement celles de nos arbres fruitiers : ce n’est pas une tâche que nous pouvons faire nous-mêmes. Cela prend une ruche et demie pour la pollinisation d’un acre de pommiers. Une ruche, ou une colonie d’abeilles à miel, contient près de 50 000 à 60 000 abeilles au milieu de l’été. Les abeilles à miel (genus Apis) font une grosse partie du travail pour nous. Elles font des milliers de trous pour recueillir du nectar, butinant en moyenne de 50 à 100 fleurs par voyage, pour un total de 5 000 fleurs par jour.
Dans notre région, nous retrouvons entre autre les abeilles à miel et leurs cousines, les bourdons. Les abeilles à miel emmagasinent plus de nectar que les bourdons, car elles ont besoin de réserves de nourriture pour survivre durant l’hiver dans la ruche. Les abeilles à miel ont seulement une reine qui peut vivre de deux à trois ans. Les abeilles non fertiles (appelées “ouvrières”) partent à la recherche du nectar des fleurs et les mâles (appelés “faux bourdons”) restent dans les ruches. Les faux bourdons sont mis à la porte de la ruche à l’automne et meurent, faute de nourriture. Les ouvrières vont hiverner dans la ruche et survivre jusqu’à la prochaine saison.
Les bourdons (genus Bombus) vivent en plus petites colonies en comparaison aux abeilles à miel -150-200 spécimens- et, à l’exception des reines fertiles, tous les membres de la ruche meurent à l’hiver. La reine hiberne à l’hiver, habituellement dans la terre ou sous les feuilles. Au printemps, les grosses abeilles se déplaçant lentement sur nos tulipes sont les reines qui se préparent à fonder de nouvelles colonies. Les bourdons que nous apercevons à cette période de l’année sont les petits mâles qui n’ont même pas encore de dard! La plupart des bourdons piquent rarement, mais peuvent nous piquer plusieurs fois s’ils se sentent menacés. Les abeilles à miel, pour leur part, sont plus promptes à défendre leur nourriture et leurs ruches, mais chaque abeille peut seulement piquer une fois et mourra par la suite.
Il y a environ 25 000 espèces d’abeilles dans le monde et 25% d’entre elles sont menacées. Le Syndrome de l’Effondrement des Colonies (SEC), qui signifie la mort d’une ruche, est de plus en plus répandu. Les chercheurs ne connaissent pas les causes exactes du SEC, mais en accord avec l’Association Internationale de Recherche sur les Abeilles (AIRA), il semblerait que “les mites varroa et les virus qu’elles transportent, les mauvaises températures et l’utilisation des pesticides sont seulement quelques-unes des raisons” pour lesquelles une colonie disparaît.
Alors que les gens peuvent continuer de débattre sur les causes possibles du SEC, ou que ce soit ou non Einstein qui ait dit que “si les abeilles disparaissent de la surface du globe, l’homme n’aura plus que quatre ans à vivre”, il est clair que nous avons besoin de nos abeilles. Nous devons y penser à deux fois avant d’utiliser des pesticides. La prochaine fois que vous écraserez une abeille en pensant que vous éliminez “seulement la vie d’un insecte”, souvenez-vous que sont nos propres vies qui en dépendent.
References: International Bee Research Association; York County Beekeeper Association; Hinterland, Who’s Who