Ce n’est pas un petit oiseau
texte et photos: Norma A. Hubbard, traduction Chantal Lafrance (édition août 2014)
Ma mère était vraiment excitée de me dire qu’elle avait vu un bébé colibri et je dois admettre que j’étais jalouse : personnellement, je n’en avais jamais vu. Quelques jours plus tard, j’ai aperçu, moi aussi, ce qui m’a semblé être un bébé oiseau-mouche dans mon jardin. Je devais m’approcher. À mesure que je me rapprochais de lui, je fus surprise de constater que ce «bébé oiseau» ne s’enfuyait pas. Ce fut seulement lorsque je fus très près derrière lui que je vis que ce n’était pas un colibri; en fait, ce n’était pas un oiseau, mais un insecte! Peu importe ce que c’était, j’étais fascinée par cette chose qui avait l’air d’un oiseau-mouche et je pris quelques photos. Cet insecte s’avéra être un sphinx colibri (Hemaris thysbe), aussi appelé communément le “colibri papillon”.
C’est vraiment fascinant de voir à quel point ces petits insectes ont l’air de colibris. Vus de loin, ils ont des couleurs similaires aux oiseaux; cependant, de plus près, nous pouvons voir que le rouge éclatant n’est pas sur leur cou, comme c’est le cas sur les oiseaux colibris mâles, mais que ce sont plutôt des lignes d’un brun rouge-vin sur leurs ailes. Leur corps comporte des teintes vertes et jaunes, comme les plumes des colibris et, en les inspectant de près, les insectes ont aussi des plumes. L’envergure de leurs ailes est d’environ quatre à cinq centimètres et demi (1.5 à deux pouces) et, alors que cette envergure apparaît bien petite pour un colibri, cela est bien grand pour un insecte moyen que nous ne voyons généralement pas durant le jour (bien que cela ne soit pas si clair!). Le corps de l’insecte, dont la forme ressemble plus à un homard qu’à un colibri, ressemble quand même à un oiseau-mouche – enfin, l’illusion est parfaite !
Cependant, ce n’est pas seulement son apparence qui nous porte à croire que c’est un oiseau et non un insecte, mais aussi ses comportements. Le sphinx colibri plane et s’élance entre les fleurs et, par conséquent, il aide à la pollinisation. Avec sa tête qu’il colle à la fleur, il boit le nectar à l’aide d’une bouche en forme de tube, le proboscis, tout comme le fait le colibri avec sa langue. On retrouve aussi les insectes sur les plantes préférées des colibris, comme le chèvrefeuille, la mélisse-citronnelle, le trèfle, l’arbre à papillon, le lilas, le phlox et la vesce. Finalement, ce sont ses ailes qui nous leurrent, car elles ont des mouvements et une vitesse similaires à ceux des oiseaux-mouches. Avec leurs ailes, les sphinx colibris produisent même des sons identiques aux oiseaux : ces insectes sont vraiment des as du mime!
Ces charmants insectes se retrouvent dans plusieurs régions du Canada. Au Québec, les insectes produisent deux générations par année. L’insecte femelle pond ses œufs sur une plante hôte au printemps. Les œufs deviennent des chenilles. Les chenilles, que je n’ai jamais vues, cependant, sont généralement vert-lime avec des points rouges sur l’abdomen et ont une queue mauve ou rougeâtre. Les chenilles arrivent à maturité à la fin de l’été et elles se fabriquent un cocon dans la terre d’où elles émergent au printemps suivant en insecte, pas en oiseau !
Références: Papillons et insectes de l’Amérique du Nord (Insectarium), Space for Life Montreal (Insectarium)