Céline Le Heurteux / Faire une différence
par Benoît Bleau (avril 2019)
Je vous présente aujourd’hui une jeune femme polyvalente et passionnée. Mère de trois enfants, Céline Le Heurteux est vétérinaire, entrepreneure, inventeure et zoothérapeute, tout cela entre ses nombreux voyages et engagements.
Enfant, Céline fut touchée par une émission de télévision dans laquelle un vétérinaire soignait un chien frappé par une voiture. Cet événement fut décisif : elle eut la piqure pour la médecine vétérinaire et se donna comme objectif de changer la vie des animaux. Elle se mit dès lors à regarder avec soif les magazines médicaux qui lui passaient sous la main tout en étant fascinée par l’uniforme médical.
Céline est née au Québec. En revanche, ses parents, tous deux français, venaient de la Côted’Azur et avaient vécu en Martinique avant sa naissance. Étant arrivés en février, après quelques semaines, sa mère voulut repartir en France mais, comme la grossesse était trop avancée, elle dut attendre, puis finalement, n’est jamais repartie. Son père, campagnard refoulé, créa un éden sur leur terrain de Montréal. Ils avaient des poules, un pigeonnier, des lapins, une serre bordée de bougainvilliers et d’hibiscus rapportés de Polynésie. Elle grandit donc dans une culture hybride, à la fois européenne et américaine, mais surtout centrée sur la contemplation du beau, le respect et l’amour de la nature. Sa famille valorisa toujours l’entreprenariat dans la perspective de faire une différence et de préserver sa liberté.
Dès l’âge de 11 ans, elle s’initia aux affaires en vendant de la crème-glacée en triporteur avec son frère dans les parcs de Montréal. Plus tard, après un parcours ardu, beaucoup de persévérance et de longues études, elle obtint son diplôme de vétérinaire. Céline est extrêmement fière de sa profession grâce à laquelle elle peut aider autant les gens que les animaux en étant dévouée, intègre, empathique, rigoureuse, prête à relever de nombreux défis et à s’engager.
Cependant, malgré l’amour de son travail, elle se trouva bientôt face à une absurdité. Après avoir accordé tant de soins et d’attentions à un animal, quand celui-ci mourrait, elle devait le mettre dans un vulgaire sac poubelle. Cette frustration la poussa à concevoir une housse mortuaire respectueuse, à l’allure professionnelle, pour combler cette lacune de l’arsenal vétérinaire d’aujourd’hui. Elle appelle son 4e bébé du nom d’EUTHABAG. Cette aventure entrepreneuriale l’a menée à franchir toutes les étapes du développement et de la mise en marché en participant à toutes les grandes conférences pour faire la promotion de son produit innovateur. Après seulement trois années d’activité, plus de 1000 cliniques dans 12 pays ont adopté son produit et elle reçoit constamment des commentaires positifs.
Au printemps 2018, elle participa à l’émission Dans l’œil du dragon de la télévision de Radio-Canada. Ce fut une expérience qu’elle adora mais qu’elle trouva très stressante. À la suite de l’émission, ses ventes augmentèrent de 30% et elle put bénéficier de très bons conseils et de contacts. Elle est encore en discussion pour un possible partenariat. Comme elle dit : « L’entreprenariat est un feu qui dévore et qui réchauffe. »
Une autre dimension importante de sa vie est son implication à la Ferme d’André de Ormstown (fermeandre.com). C’est un endroit qu’elle fréquente depuis l’âge de 16 ans et où elle allait se ressourcer lors de ses études vétérinaires. La mission de cette ferme est de permettre à des enfants de toutes provenances d’établir un contact et de se familiariser avec les animaux. Les enfants y arrivent effrayés des animaux; puis, comme par magie, après avoir vu une poule pondre un œuf, un agneau téter sa mère, ou fait un câlin à une vache, ils repartent confiants vers la ville. Les enfants d’aujourd’hui sont de plus en plus coupés de cette réalité qui manque aux programmes éducatifs officiels et qui pourtant pourrait contribuer à construire des adultes plus solides face à l’adversité.
Parallèlement à toute ses activités, Céline participe avec sa famille à un projet de reforestation au Costa Rica où ils ont planté 12 000 arbres. De plus, sur son terrain de Hemmingford, avec son conjoint et des amis, elle a planté 5 000 chênes, érables, pins et mélèzes pour contribuer à créer un milieu favorable à l’établissement de la faune sauvage et en espérant récolter du bois de qualité dans quelques décennies.
Quand on lui demande ce qu’elle voudrait faire dans le futur elle répond spontanément : « Écrire des histoires sur ma carrière vétérinaire qui est aussi une étude sociologique avec de grands moments d’émotions tragiques et comiques, en somme, un voyage au cœur de l’humanité. J’aimerais aussi organiser des congrès entre médecins et vétérinaires qui ne se parlent pas du tout et qui ont tant à partager pour leur bien-être et pour celui de leurs patients respectifs. Finalement, j’aimerais être un mentor pour les jeunes entrepreneurs de chez nous afin de partager mon expérience avec eux et ainsi contribuer à créer de la richesse chez nous dans le but de préserver nos programmes sociaux, l’éducation et aussi de mieux protéger l’environnement. L’argent au service de l’homme et non l’homme au service de l’argent car, comme disait papa : l’argent est un bon outil mais un mauvais maître ! »
Bravo Céline et continue à nous inspirer par ta fougue et ta passion!