Ces ratons laveurs tenaces
texte et photo : Norma Hubbard, traduction : Chantal Lafrance (édition octobre 2012)
Je suis certaine que la plupart d’entre nous dans la région avons une relation amour-haine avec les ratons laveurs (Procyon lotor). Qui peut résister à ces petits visages masqués comme des bandits et à ces pattes qui ressemblent à des petites mains? Je sais que je les aime, mais ils sont aussi terriblement gênants quand ils font une rasade dans mes mangeoires d’oiseaux, qu’ils brisent mes bains d’oiseaux (en partie de ma faute, moi qui utilise des bains en faïence) et qu’ils détruisent mes fleurs.
Ce printemps, j’ai trouvé une maman raton laveur avec trois petits dans ma remise, ce qui n’est pas surprenant, puisqu’ils aiment les endroits tranquilles et sombres. Je n’ai pas eu le cœur à les évincer, mais lorsqu’ils ont grandi, je me suis mise à faire du bruit pour leur laisser savoir qu’il était temps de partir, ce qu’ils ont fait. Cependant, ils ne sont pas allés bien loin, seulement dans le bois derrière notre maison, et quand la mère raton a été blessée, elle est venue mourir dans notre cour arrière. Je suis certaine qu’elle voulait que nous prenions soin de sa progéniture, qui était maintenant réduite à deux petits. Tristement, nous l’avons enterrée et nous nous sommes demandé quoi faire avec les petits. Je savais qu’ils étaient trop jeunes pour être laissés à eux-mêmes, mais je ne voulais pas les capturer non plus. Je voulais qu’ils restent des animaux sauvages.
Après discussion avec des voisins, plusieurs recherches internet et appels à l’organisme de protection des animaux, j’ai décidé de ce que j’allais faire : une aide à l’alimentation. L’aide à l’alimentation est apparemment répandue avec la faune sauvage et est exactement ce que sa nomenclature évoque : donner de la nourriture pour que l’animal reste en vie. Depuis la mi-août, je laissais de la nourriture pour chien à l’extérieur pour mes “petits animaux”. On m’avait dit de ne pas me faire voir en allant mettre la nourriture dehors, ce qui est bien plus difficile que ce que vous pouvez vous imaginer. Ils m’attendaient et, plus d’une fois, mes petits bandits du soir sont venus à la porte d’en avant pour réclamer leur nourriture ! À chaque soir, je vais porter la nourriture de plus en plus loin dans les bois, en espérant qu’ils apprennent à la chercher par eux-mêmes. À la venue du printemps, j’espère qu’ils seront en mesure de survivre par eux-mêmes.
Même si je les appelle affectueusement mes « petits animaux », ils ne sont pas des animaux domestiques, ils demeurent des animaux sauvages. Comme tous les animaux sauvages, ils peuvent être dangereux ou nous transmettre des maladies. Le gouvernement du Québec essaie présentement de contrôler la transmission du virus de la rage provenant d’autres régions, comme les États-Unis, en distribuant plus de 700 000 vaccins sous forme d’appâts en Montérégie. Aussi, durant le mois d’octobre, les agents de la faune capturent les ratons laveurs vivants, les vaccinent et les relâchent. Ils ont placé des cages dans les environs et si vous découvrez une de ces cages, prière de ne pas y toucher. N’essayez surtout pas de relâcher un animal qui serait pris dans une cage : elles sont inspectées quotidiennement par des agents de la faune.
Il est à noter que même si les ratons laveurs dorment plus pendant l’hiver, ils n’hibernent pas à proprement parler et ils peuvent être actifs si la température est clémente ou s’ils ont faim. Ils sont souvent en famille dans leur tanière, c’est pourquoi je suis contente que mes petits ratons soient encore ensemble. Comme toujours, ma philosophie est que nous devons partager nos espaces avec notre faune locale. Qu’on les aime ou les déteste, ces ratons tenaces font partie de nos espaces et, après tout, ils étaient là bien avant nous!