Chemin de fer de Hemmingford, 1852 – 1966
par Pauline Smith et Sylvia Paulig (juin 2018)
Durant la première moitié du 19ème siècle, de courtes lignes ferroviaires apparurent, en premier en Angleterre et au Québec. En 1835, John Molson et un groupe d’hommes d’affaires de Montréal construisirent une ligne ferroviaire de Laprairie à Saint-Jean pour connecter la rivière Richelieu au lac Champlain. Dix ans plus tard, James Ferrier, qui était alors maire de Montréal, organisa un groupe pour construire une ligne de huit milles le long du canal Lachine. Plus tard un traversier à vapeur fut construit pour transporter les wagons sur le SaintLaurent, et la ligne allait vers le sud dans le comté Huntingdon à Hemmingford jusqu’à Mooers, une ville américaine près de la frontière. Le vrai but était de se joindre aux lignes en construction dans les états du Vermont et de New York et finalement de se connecter aux ports qui étaient ouverts à l’année longue. La concurrence entre les groupes de Molson et de Ferrier, pour être les premiers à atteindre Ogdensburg, New York, était féroce. Molson réussit cet exploit en 1851, quelques lignes se fusionnèrent et le réseau ferroviaire Grand Trunk fut fondé en 1852. Cependant, Ferrier n’était pas prêt avant 1852 et il décida d’allonger la ligne jusqu’à Plattsburgh. La compétition faillit ruiner le groupe Molson de telle sorte qu’en 1857 Ferrier put acheter suffisamment de parts pour lui donner le contrôle de la société Grand Trunk. À la suite, les circonstances voulurent que la ligne d’Hemmingford ne put aller plus loin que Mooers où se trouvait un demi-tour pour retourner à Montréal. En 1923, la ligne fit partie du CNR.
La ligne du train de marchandises allait jusqu’à Hemmingford en 1852. La gare fut construite autour de 1860 et le service de passagers débuta après. La connection à Montréal se faisait par Saint-Rémi, Saint-Isidore et Kanawake, d’autres stations étant ajoutées plus tard. Le service de marchandises était à deux sens, apportant des produits agricoles aux marchés de Montréal, et revenant avec tout ce qui pouvait être transporté de la ville. La ligne de Hemmingford ne devint jamais très importante commercialement, mais elle créa une importante prospérité pour les résidents de la région, le service de marchandises transportant des produits tels que du beurre, des oeufs, de la crème et du lait, du sirop d’érable, du grain, du foin, des produits de la forêt et du bois, du bétail et plus, aux marchés de Montréal et au-delà.
Lorsque le service de passagers débuta, autour de 1866, des sacs postaux étaient inclus et un employé venait à la gare apporter des sacs, ou prendre des sacs pour les livrer au bureau de poste local. Au début, le service incluait deux trains par jour pour passagers et marchandises, plus tard réduit à une fois par jour. Dans un effort pour maintenir le service, en 1880 Julius Scriver, membre du parlement pour le comté de Huntingdon, faisait prendre le train à chaque jour à son jardinier de Hemmingford à Saint-Isidore. Le service de passagers disparut en 1956 et le service de marchandises dix ans plus tard. À cette époque, de meilleures routes, de meilleures autos et de meilleurs camions remplaçaient les services offerts par les trains. À son apogée, la gare était le centre d’activité dans le village. Il est difficile d’imaginer où cette gare était située. Une partie de la voie ferrée est maintenant une piste cyclable, mais on y voit aucun indice sur la station de train. La gare était située sur la route 202, (rue Champlain) en face de la caserne de pompiers d’aujourd’hui. L’emplacement est maintenant un simple champ qui sert de stationnement pour le déjeuner annuel des pompiers, ou pour des pique-niques. Les rails traversaient la rue, allant au nord ou au sud, entre la gare et l’usine de beurre. L’usine de beurre avait une plate-forme qui permettait le chargement de caisses de beurre directement dans le wagon de marchandises. L’usine de beurre a aussi disparu. De l’autre côté de la rue un hôtel pratique s’y trouvait, un hôtel qui est maintenant la belle résidence d’une famille de Hemmingford.
L’âge d’or du train est peut-être révolue mais une pièce importante a été préservée, la gare de Barrington, qui peut être visitée au musée ferroviaire canadien à Saint-Constant, à tous les jours de 9h à 17h. À suivre…