Dans les années 30, un célibataire d’âge moyen se cherche une épouse …

par Myrna Brandon Paquette, traduction : Yvon Paquette  (octobre 2019)

Depuis l’arrivée de l’internet, les communications faciles à tous les niveaux, entre les gens partout sur la planète, sont vite devenues la norme et, on peut dire, sont maintenant prises pour acquises. Mais, il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas le cas. On peut même se demander comment pouvait-on régler les cas difficiles sans l’ordinateur et l’internet?

Oui, il y avait des limites à ce qui était possible, mais il se trouvait aussi des gens qui pouvaient se débrouiller avec le peu qui existait. Ci-dessous, un exemple d’un problème difficile qui s’est réglé par l’utilisation des moyens disponibles à l’époque. Et ceci, dans notre propre comté d’Hemmingford.

La maison McKay

Frederick William Figsby et son frère Edmond, des célibataires endurcis, vécurent ensemble durant plusieurs années. Leur père, William, mourut en 1917 et leur mère en 1922. En 1935, Edmond n’allait pas bien (il allait mourir l’année suivante) et Fred fit de son mieux pour prendre bien soin de leur demeure. À l’âge de 63 ans, Fred décida qu’il devait considérer engager une ménagère ou bien se trouver une épouse. Son voisin et bon ami, Charles McKay, suggéra que Fred annonce dans le Montreal Star pour une “ménagère” et de répondre à toute « applicante » sur ses “intentions”. L’annonce parut le 22 août 1935, sur une grande page d’annonces semblables.

Fred reçut des lettres de 63 applicantes, pour la plupart des femmes qui se cherchaient sérieusement un emploi de ménagère. Le plan était que Fred, assisté des McKay, ferait une revue des lettres des applicantes et qu’il répondrait à celles choisies. Plusieurs furent invitées à prendre le train de Hemmingford pour venir voir les lieux et pour une entrevue et un thé à la résidence des McKay.

Mollie Yvonne Bailey répondit à l’annonce le 23 août 1935. “Cher monsieur: En réponse à votre annonce dans le Star de ce soir, je me cherche une place de ménagère ou compagne . . .”

La maison Figsby

Fred répondit par lettre. Mollie alors répliqua. “Cher M. Figsby – Merci pour votre lettre. Je suis âgée de 45 ans et si vous n’êtes pas plus jeune que moi, j’aimerais correspondre avec vous. Je suis très compétente, et en plus d’être une infirmière, je peux cuisiner, coudre, je suis aussi forte, en bonne santé et gaie, de haute taille, plutôt de bonne apparence et je travaille dans une église protestante. Si vous êtes plus jeune que moi, tout ce que je peux dire est que j’espère que vous aurez un grand succès à vous trouver une bonne et joyeuse compagne/épouse, et je vous admire beaucoup pour m’avoir écrit comme vous l’avez fait. Espérant que vous aurez beaucoup de chance dans votre projet”.

Fred répondit par téléphone, invitant Mlle Bailey à Hemmingford pour prendre le thé à la résidence McKay. Le 16 septembre elle écrivit “Chère Mme McKay – Je dois vous remercier pour une journée très agréable, et pour votre aimable et généreuse hospitalité. J’aimerais beaucoup vous voir très bientôt, et vous parler de plusieurs choses financières. Fred Figsby me plaît, Mme McKay, et je sais qu’il est gentil, bon et croyant. Et je pourrais être très, très heureuse avec lui, mais si je l’épousais, la maison devrait être différente. Je ne désire pas des richesses et beaucoup d’argent, je veux de l’amour et de la tendresse et quelqu’un que je peux admirer, en retour pour ma propre vie et dévouement, parce que je puis vous assurer que ma vie n’a pas été un jardin de roses depuis le décès de mon père il y a 20 ans. Je n’ai jamais vécu un jour plus heureux qu’hier.”

Une offre finale fut faite à Elizabeth Mollie Yvonne Bailey : elle accepta et épousa Fred Figsby, le 25 septembre 1935 dans l’église St-Martin’s de Montréal, seulement un mois et 3 jours après que son annonce ait été publiée!

Qui était Mollie? Elle est née en Angleterre en 1887 et émigra au Canada en 1912 pour travailler comme infirmière. Elle travailla pendant plusieurs années pour une riche famille marchande, Duncan McLennan et son épouse Harriet Mair, dans leur manoir historique appelé « Ridgewood », à Lancaster, Ontario. Elle fit plusieurs voyages en Angleterre durant ces années. Sur les listes de passagers, on peut souvent lire que son passage avait été payé pour elle par son employeur, Duncan McLennan. Elle demeura chez les McLennan jusqu’au décès de Duncan en 1933, puis elle alla travailler comme compagne/ infirmière à Sixteen Island Lake.

Fred et Mollie vécurent dans la demeure Figsby au 780 Vieux Chemin. Ils étaient mariés depuis 10 ans lorsque Fred mourut en 1945. Mollie, veuve, demeura à Hemmingford pendant quelque temps, mais nous avons été incapables de découvrir la date de son départ et où elle est déménagée.