Des invités inattendus
texte et photos: Norma A. Hubbard, traduction Chantal Lafrance (édition avril 2015)
Je vais l’avouer : j’ai dépensé une petite fortune pour mes oiseaux sauvages. J’achète des graines de tournesol, des arachides, des graines du Niger (guizotia) et des mélanges de graines de toutes sortes. Je me suis aussi procuré plusieurs mangeoires qui peuvent contenir différentes variétés de graines. J’ai aussi un bain d’oiseaux chauffant (gracieuseté de Margaret Smith), alors, l’hiver, mes oiseaux ont de l’eau chauffée! Cela me coûte des sous, mais j’ai la possibilité d’observer les oiseaux durant des heures. Les oiseaux viennent toute l’année, mais chaque saison m’amène des amis à plumes différents. Je note quels oiseaux arrivent et à quel moment, ce qui fait que je peux anticiper ceux qui se pointeront; je dois dire qu’occasionnellement, j’ai quand même quelques surprises. Cet hiver, j’ai pu observer le sizerin flammé (Acanthis flammea). La dernière fois que ces oiseaux avaient été aperçus dans la région, c’était en 2012. Je me suis donc réjouie d’en voir arriver une volée, à la fin janvier, qui est restée jusqu’au début mars.
Les sizerins flammés font partie de la famille des fringillidés, comme les pinsons et les chardonnerets. Les sizerins sont à peu près de la même taille que les chardonnerets. On peut les retrouver à la grandeur du Canada, mais ils sont quand même rares dans notre région. Ils se reproduisent pendant l’été dans le nord du pays, comme au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces petits oiseaux pèsent seulement de 11 à 20 g, mais ils peuvent survivre à des températures allant jusqu’à -50°C! Ils se gardent au chaud en se tenant en groupe de plusieurs centaines. Ils étaient environ 60 oiseaux dans la volée que j’ai vue et ils étaient plaisants à observer, alors je peux m’imaginer pouvoir en observer des centaines! Ils se gardent également au chaud la nuit en se creusant des tunnels dans la neige. Selon l’Institut Cornell, une étude a démontré que le poids de leur plumage est augmenté du tiers durant les mois d’hiver et que ces petits oiseaux ont beaucoup de duvet.
Pendant les mois d’hiver dans la nature, les sizerins flammés se nourrissent de bouleau, de saule, d’aune, d’épicéa et de cônes de pin (pignons). Durant les mois d’été, en plus des herbes au sol et des graines de fleurs, ils consomment des quantités importantes d’insectes et d’araignées; il est dommage qu’ils ne vivent pas dans nos régions l’été! Ils ont de petites poches dans la gorge où ils peuvent entreposer les graines. Ces oiseaux intelligents emmagasinent des graines dans leur gorge et se posent dans des endroits sécuritaires pour les manger. Les poches peuvent contenir temporairement jusqu’à deux grammes de nourriture. Comme pour la plupart des oiseaux, les sizerins doivent manger l’équivalent de 42% de leur poids pour survivre quotidiennement. Chez nous, les sizerins flammés viennent aux mangeoires pour y chercher des graines du Niger (guizotia). C’est un festin pour eux d’en trouver.
Les sizerins flammés ne se reproduisent pas ici. Ce sont les femelles qui cons- truisent les nids. Chaque couvée compte entre deux et sept œufs et les oiseaux peuvent avoir de une à trois couvées par année. Comme ces oiseaux vivent dans des contrées presqu’inhabitées par les humains, ils sont en quelque sorte protégés. Pour cette raison, principalement, leur espèce n’est pas protégée à l’échelle environnementale. Cependant, ils peuvent mourir de la salmonellose si nous ne veillons pas à bien nettoyer nos mangeoires pour ces visiteurs inattendus, mais bienvenus!
Source: The Cornell Lab of Ornithology