Elizabeth Chanona
par Susan Fisch (traduction : Rozenn Bégasse) (février 2020)
En 1973, à l’âge de 16 ans, Elizabeth Chanona immigrait au Canada avec ses parents, un frère et une sœur. Belize lui manquait, ainsi que les autres membres de sa famille et ses amis. C’était son année de graduation. Elle trouvait les hivers très difficiles. La ferme familiale et les Cayes lui manquaient et elle lutta alors contre la dépression.
Elle s’inscrit à un cours de yoga donné par son école, sans savoir de quoi il s’agissait. C’est donc le yoga qui l’aidera à gérer sa dépression et à mieux accepter son nouveau pays. Pendant les relaxations, elle peut laisser ses pensées la ramener à Belize. La course lui apporte aussi la possibilité de s’évader. Elle peut courir pendant toute l’année sans autre équipement que ses espadrilles.
Elle a toujours voulu aider les gens. Ayant étudié en travail social, elle travaille alors pour le Centre de Santé et des Services Sociaux Ville-Marie, oeuvrant auprès des couples, des familles et des adolescents, puis ensuite avec des Centres de Crise en santé mentale. Au bout de ces dix années, elle décidera de changer la façon dont elle veut aider les gens .
En 1980, elle se marie avec David Smith et ils passeront trois ans à Belize dès 1982. À leur retour, le couple veut acheter une maison, mais les propriétés sont trop chères à Montréal. Un ami leur trouve une maison à Hemmingford près d’une rivière. Pour Élizabeth, c’est comme un retour aux sources. La nature et une communauté vibrante et accueillante, pour laquelle elle est encore très reconnaissante aujourd’hui.
Une fois installée à Hemmingford, Elizabeth suit la formation en massothérapie et, plus tard, en enseignement du yoga. La respiration et les mouvements de yoga deviennent alors des outils pour les clients qu’elle reçoit pour des massages, les aidant à relaxer et à mieux gérer les douleurs physiques.
Elle commence à enseigner en 1996 au Vieux Couvent, puis au Centre de Santé Esprit de Vie. Ces six dernières années, c’est dans la salle de l’église anglicane St-Luke qu’elle donne ses cours. Dans le passé, elle a aussi offert des camps d’été de yoga pour les enfants et offre encore à l’occasion des cours de yoga aux écoles primaires, ou aux parents et grands-parents.
Au fil du temps, elle a suivi plusieurs formations, incluant celle de Réduction de Stress Basée sur la Pleine Conscience, de Jon Kabat-Zin, qu’elle propose comme cours de temps à autres.
Actuellement, elle offre des séances de massages et des consultations individuelles, ainsi que des cours de yoga à Hemmingford et à Ormstown. Elle donne aussi différents ateliers et des retraites annuelles. Depuis l’année dernière elle participe à une clinique pour le traitement de la douleur offert par le CLSC à Napierville deux fois par an.
Elle est également membre de l’Association Créons des Ponts (Bridges not Borders). Elle aide à accueillir des réfugiés qui traversent la frontière non officielle du chemin Roxham. Ayant immigré elle-même, elle comprend comme c’est difficile pour une famille qui a perdu ses racines de s’intégrer à une nouvelle culture. Elle est aussi bénévole pour un autre organisme, Porchlight, qui parraine une famille de réfugiés.
Elizabeth croit fortement qu’elle est en partenariat avec la Grâce, l’Univers, le Divin. Elle utilise ces mots avec précaution dans ses classes, suggérant à ses étudiants d’utiliser le terme qui leur correspond le mieux pour aider à approfondir leur cheminement spirituel. Être en partenariat veut dire que nous avons un rôle à jouer dans notre vie et que l’Univers nous soutient. Elle est déterminée à responsabiliser les gens, car le pouvoir existe en eux. Nous ne sommes pas des victimes. Mêmes les situations les plus difficiles nous offrent l’occasion de réapproprier ce pouvoir.
Le mot « Yoga » veut dire « connections ». Comment ces enseignements peuvent-ils nous connecter plus profondément à nous-mêmes, à autrui, à notre environnement, et à notre communauté? Chaque moment qu’elle peut passer dans la nature –en randonnée, en raquettes, en canoë ou en camping – alimente son âme et nourrit ses connections à sa famille et à sa communauté.
Les gens hésitent parfois à faire du yoga, pensant qu’ils ne sont pas assez souples ou calmes pour cela, mais c’est justement le yoga qui les aidera à devenir plus souples et calmes.
Au fil des ans, Elizabeth a parfois senti qu’on la mettait sur un piédestal. Les gens la perçoivent comme une personne bien calme, bien centrée, bien ancrée. Ça ne lui est pas venu naturellement, mais suite à un cheminement et à un travail constant. C’est à sa fille qu’en revient le mérite, d’après elle, car Sarah-Monique la rend plus humble et l’encourage à rester humaine et à appliquer ce qu’elle enseigne. Ce qu’Élizabeth apprécie beaucoup, puisqu’elle enseigne aux autres à se responsabiliser, et elle doit vraiment joindre le geste à la parole.
Elle est très proche de Sarah-Monique. Elles partagent le yoga et la méditation, ainsi que l’importance de la valeur de la famille et de la communauté. La passion de Sarah-Monique pour le plein-air lui vient de ses deux parents.
Le yoga que pratique Élisabeth évolue constamment. Tout lui semble encore nouveau malgré les années. Tout ce à quoi elle est exposée influence son enseignement. En ce qui concerne l’avenir, il y a surement quelque chose de nouveau qui se prépare à l’horizon…