Embargos et contrebande – 1812
Le nez dans les Archives par Mary Anne Ducharme (édition avril 2012)
Entre 1812 et 1815, l’embargo américain qui interdit le commerce avec l’Amérique du Nord britannique rend la vie difficile pour les civils. Mais il y a un autre côté à cette médaille. Bien que les prix aient augmenté pendant la guerre, ceux qui n’ont pas peur de se faire prendre font d’énormes profits. Punition? La pendaison ou une autre forme d’exécution. Toutefois, grâce à une bonne entente entre Américains et Canadiens le long de la frontière, on trahit très rarement son voisin.
Si vous vivez à Hemmingford ou ailleurs près de la frontière au début du X1Xe siècle, vous faites vos achats à Champlain car il n’y a pas encore de magasins ici. Vous prenez votre grain au moulin du juge Moore, également à Champlain, où se trouve aussi le bois scié, bien que la plupart des gens utilisent toujours le bois rond pour se construire. Au lieu de payer, vous pouvez toujours troquer de la potasse et de l’alcool fait de pommes de terre — commodités illégales après l’embargo.
Parmi les biens introduits en fraude chez les Américains, on compte les peaux de castor et de loup, la potasse, le sel et des biens recherchés, fabriqués en Angleterre et difficiles à obtenir légalement aux États à cause de l’embargo. Importés directement d’Angleterre avant l’embargo, il ne sont désormais envoyés qu’au Canada.
Robert Hoyle ouvre un magasin de ce côté-ci de la fron- tière pour approvisionner en biens essentiels et en bois les colons d’Odelltown et Hemmingford. Avec William Bowron, il fournit du bœuf aux soldats de l’Île aux Noix. Ils achètent le bétail de fermiers américains le long de la frontière et le passent en douce par des pistes dans les bois, surtout près de Hinchinbrooke. À un endroit prédéterminé, le bétail est livré aux conducteurs de bétail canadiens, payés, après quoi tous poursuivent leur p’tit bonhomme de chemin.