En première ligne
par Susan Fisch (juin 2020)
Depuis le 16 mars dernier, nous sommes en confinement. Tous les commerces et services non-essentiels sont fermés et les gens restent à la maison. Mais quelques individus courageux se revêtent en blouse d’isolation, masque, visière et gants pour aller travailler sur les premières lignes de la crise du Covid-19. Parmi eux, notre Dale Langille, qui travaille comme conseiller financier, un service non-essentiel. Au lieu de rester à la maison à ne rien faire, Dale a décidé de se rendre utile, avec le soutien et l’encouragement de sa famille.
Dale a déjà travaillé pendant plusieurs années comme infirmier praticien, mais il n’y a jamais retrouvé sa place. Les horaires de travail étaient tellement fous que c’était difficile à gérer avec une jeune famille. Alors, il a changé de carrière. Maintenant, à cause d’une grave insuffisance de personnel, tous les retraités médicaux sont invités à aider et Dale a renouvelé son permis pour commencer sa formation le 30 mars dernier.
Il a débuté son expérience à l’hôpital Notre-Dame, mais les CHSLD ont un bien plus grand besoin. Alors, il était transféré à celui de Verdun, ensuite à celui de Ville-Émard. Et maintenant, il travaille à Laval, comme préposé aux bénéficiaires (PAB) selon les besoins. Les hôpitaux sont en train de fermer des étages car il n’y a pas assez de patients, et le personnel est transféré aux CHSLD. Même à ces endroits, les patients sont déplacés, car avec les quantités de décès, les étages sont libérés. Donc les patients sont regroupés dans les groupes avec ou sans Covid.
Jusqu’à présent, le plus gros problème était le manque de personnel. Plusieurs fois par jour Dale reçoit des appels lui demandant de faire des quarts supplémentaires. Les préposés réguliers, surtout dans les CHSLD, sont frustrés et épuisés avec tout ce qui se passe et plusieurs étaient infectés. Souvent les quarts de travail sont en déficit de PAB ou bien d’infirmiers. Les membres de l’armée se rendent très utiles. Ils apprennent rapidement et ils comblent les manques.
Le changement constant des procédures de travail est très difficile à gérer pour tout le monde. Ce qui fonctionnait hier n’est plus valable aujourd’hui. Et demain ça va encore changer. Pendant les deux derniers mois, les procédures ont changé quotidiennement ou aux deux jours. Le virus est en évolution, ainsi que notre compréhension, alors on ne sait jamais quelle procédure sera utilisée quand le personnel arrive au travail. Il faut être ouvert et prêt à tout.
C’est difficile de voir les gens mourir. Ça a toujours fait partie du travail, mais maintenant, les gens meurent plus rapidement avec le Covid. C’est encore plus pénible car après avoir soigné quelqu’un, un lien s’est créé. Mais il y a aussi des malades qui récupèrent. Ça, c’est encourageant.
La différence entre le personnel permanent et temporaire, c’est que ces derniers savent que ça ne durera que quelques semaines ou mois et qu’ils retourneront à leur emploi par la suite. Mais, pour les employés permanents, c’est leur réalité quotidienne. C’est donc plus facile pour les employés temporaires de garder le moral. Les employés permanents doivent travailler avec du nouveau monde qu’ils ne connaissent pas – et pas tous travaillent comme il le faut.
Dale continuera à servir aussi longtemps que le besoin sera là. Mais il à hâte aussi de retourner à sa propre vie. Avec le printemps, il y a beaucoup à faire autour de la maison. Comme il souhaite la vendre, il doit la préparer pour les futurs acheteurs.
Le monde commence à rouvrir tranquillement et l’insuffisance de personnel diminue, donc le travail devient plus facile. Dale dit que la vie retournera à l’extérieur des CHSLD plus rapidement qu’à l’intérieur. Il est souhaitable que l’attention qui a été mise sur les CHSLD entrainera des réformes.
Prend soin de toi, Dale, et merci de notre part pour ton service sur les premières lignes.