Fort sur toutes ses cordes: Stanley Triggs

par Mary Ducharme, traduction Chantal Lafrance (édition août 2013)

Au magasin Stedman, il y a des copies d’un CD intitulé Road to Paradise, une collection de pièces pour danser, à la mode des Kootenay, qui ont été écrites et jouées à la mandoline par Stanley Triggs. Cette musique vintage fait partie d’une vague de renaissance de la musique folk qui a eu lieu dans les années 1950-60. Stanley s’est promené à travers le Canada pour chanter et jouer devant des foules des grandes villes, quelquefois pour quatre dollars la soirée qui s’étirait jusqu’aux petites heures de la nuit. Il a aussi joué à New York dans un concert organisé par Sam Gesser qui produisait des talents canadiens. Cette époque fut presque oubliée. Elle bénéficie à présent d’une reconnaissance grandissante comme étant un emblême canadien authentique, autant chez les historiens de la musique que chez les férus de musique folk. Une autre collection de la musique de Stanley, Bunkhouse and Forecastle Songs of the Northwest, fait partie de la collection folklorique du Smithsonian.

La musique de Stanley évoque un monde sauvage qu’il aimait profondément: la vie terrestre des pionniers qui habitaient des campements en bois rond et des refuges- les endroits où on pouvait entendre le rugissement de l’eau dans les ravins et là où les bateaux à roues à aubes naviguaient sur les lacs glacés. La mandoline de Stanley lui avait été léguée par son père en 1917, alors que celui-ci travaillait sur un bateau à aubes. Stanley jouait de cet instrument seulement car, expliquait-il, la mandoline avait une tonalité exceptionnelle et ses cordes étaient robustes.

Cette description convenait également à Stanley lui-même. Il était né en 1928 et avait grandi dans les Kootenay, là où la musique devint une passion au même titre que la photographie et l’histoire. Le Musée Touchstones Nelson d’Art et d’Histoire de la Colombie-Britannique possède une collection étendue de ses photos originales, de ses négatifs, de ses textes explicatifs sur les gens, les endroits et la tradition orale en Colombie-Britannique.

En 1965, Stanley fut engagé par les Archives Notman. Pendant ses 28 années au service de Notman, il écrivit et coécrivit plusieurs publications sur le photographe canadien pionnier William Notman. Stanley fut souvent reconnu pour avoir amené sur la scène internationale les photographies iconographiques de Notman, celles-ci étant maintenant considérées comme un de nos plus grands legs canadiens.

C’est à Montréal que Stanley rencontra sa femme Louise et ils élevèrent ensemble leurs cinq enfants. Ils s’établirent dans le minuscule et obscur village bordant la frontière, Hemmingford. Dans sa vieille ferme, il vit entouré de livres, d’instruments de musique et de photos qui parlent de ses 80 années bien remplies et robustes sur toutes les cordes.