Histoire ombragée

Le nez dans les archives par Mary Anne Ducharme, traduction par Yvon Paquette (édition juin 2011)

Kreighoff painting2
« Famille de Chasseurs Indiens » Cornelius Krieghoff

L’histoire des autochtones canadiens dans les premiers jours d’Hemmingford n’est pas bien claire dans la collection des Archives. “Des artefacts indiens, écrit Alistair Somerville dans Hemmingford Then and Now, « suggèrent des pistes de Chaughnawaga au lac Champlain le long de ce qui est maintenant la Route 219. » Et, il ajoute, « La tradition nous apprend qu’un cimetière indien était situé dans cette région. »

Les premiers colons craignaient les indiens, mais les militaires étaient bien contents de les utiliser comme éclaireurs et dans leurs patrouilles au cours de conflits. Leur facilité à se dérober, leur grand talent d’observation, et leur capacité à invoquer la terreur étaient des armes très utiles à leurs divers alliés.

Lucretia, l’épouse de John Scriver, se rappelait de son effroyable rencontre avec des indiens à Odelltown lorsqu’elle était enfant. « Ils étaient environ une centaine, quelques uns vêtus seulement d’un chiffon, et ils avaient des plumes dans les cheveux et le visage peint. » Ils demandèrent des pommes, son père leur en donna un boisseau, en retour l’un d’eux coupa du bois de chauffage. Lucretia raconta que « Après quelque temps je fus guérie de ma peur des indiens et je finis par les estimer ». Plus tard, au cours de la Guerre de 1812, elle et John accueillirent des scouts indiens dans leur demeure d’Hemmingford.

Kreighoff painting1
détail d’un peinture de Cornelius Krieghoff

L’intrusion de colons blancs dans des territoires essentiels à leur survie déplaisait certainement à plusieurs des « sauvages non instruits » (untutored savages, terme utilisé par Robert Sellar dans son History of Huntingdon County). Sellar raconte que si ces indiens trouvaient des peaux ou des fourrures chez des blancs, elles étaient con- fisquées. Mme Covey, la femme du colon Samuel Covey, cachait ses fourrures sous son lit lorsque que des maraudeurs indiens apparaissaient sur sa propriété. Elle était aussi très indignée par les ‘’squaws’’ qui lui volaient du maïs. Dans une entrevue de 1985, le regretté Malcom Brown raconta l’anecdote des indiens qui sauvèrent la vie de son grand-papa Brown. Le grand-père était à la recherche de son lot octroyé. Il s’était perdu. Il rencontra un groupe d’indiens qui trappaient le long d’une rivière, et eux savaient où l’octroi était situé. À ce moment-là, grand-père luttait dans la brousse pieds nus dans la neige, et tout en larmes, étant accompagné de deux jeunes enfants qui souffraient du froid comme lui. Ils survécurent au terrible hiver seulement que par la bonté des indiens qui leur fournirent de la nourriture et aidèrent à construire un abri. Les indiennes apportèrent des cadeaux de vêtements de fourrure aux enfants.

Le mariage entre blancs et indiens n’était pas considéré comme légal, selon une lettre de 1888 de Julius Scriver à Robert Sellar. Être un métis semblait engendrer la destruction de la personne. Un exemple est celui de James Connolly, un compagnon d’école de Julius Scriver. James fut admis au barreau en 1841, il se présenta à des positions au gouvernement provincial, mais il se ruina par la boisson. La réalité n’est pas seulement une question d’intolérance génétique à l’alcool; c’est la destruction tragique de l’identité et une vue sur le monde qui n’avait pas sa place dans la culture européenne transplantée.

Les Archives apprécieraient beaucoup toute addition à notre base d’information sur les indiens canadiens aux premiers jours de l’histoire d’Hemmingford. Contacter : mducharme117@sympatico.ca