La cloche de la rue Fisher – histoire perdue et retrouvée
par Mary Ducharme (traduction : Yvon Paquette) (décembre 2018)
Une cloche datée à la fonderie en 1886, montée sur une base en bois, a été exposée durant plusieurs décennies près de l’entrée de l’Elementary School de Hemmingford. Il fut un temps où des élèves étaient appelés par cette cloche à l’une des plus anciennes écoles à une classe du canton de Hemmingford.
Sur sa base de bois à l’Elementary School, la cloche a gardé le silence alors que des générations d’enfants commencèrent leurs études et graduèrent, et des enseignants et des directeurs se succédèrent. La plaque qui identifiait la cloche a été perdue et son histoire fut oubliée. Récemment, dans un article du Gleaner de 1977 par Aileen L’Espérance, les Archives Hemmingford découvrirent de l’information qui reliait définitivement la cloche à l’école de la rue Fisher #1 qui fut construite en 1845 et fermée dans les années 1940. L’école a vécu une histoire difficile: selon Rod MacLeod qui se réfère aux “The Minute Books of the School Commissioners of the Township of Hemmingford”, dans ses premières années l’école a connu des “querelles religieuses”. À l’école de la rue Fisher (et à d’autres), quelques enseignants furent accusés de forcer la minorité d’étudiants catholiques de participer à des exercices de prières et d’études basés sur des livres religieux (anglicans) pour lesquels le système de croyances de ces élèves avait des objections. Des groupes protestants anglais et catholiques français étaient en conflit dans plusieurs districts scolaires; les rencontres devinrent des querelles qui pouvaient dégénérer en assauts physiques selon les articles de journeaux de l’époque. Dans les années qui suivirent, le gouvernement provincial favorisa une organisation basée sur la langue, comme c’est le cas aujourd’hui. Cependant quelques écoles refusèrent d’abandonner l’instruction religieuse, et la commission scolaire de l’école catholique française de Saint-Romain s’organisa pour supporter une école dissidente dans laquelle tous avaient la même religion.
Des changements locaux de direction se développèrent avec des déplacements alors que la population des districts ruraux diminua, la communauté catholique française augmenta et le département de l’éducation insista sur une consolidation. Graduellement, les écoles à une classe fermèrent, furent déménagées et rénovées pour d’autres usages, ou furent démolies. Le bâtiment de l’école Fisher devint une partie de la demeure de Walter Kremmel et la cloche fut entreposée dans une remise chez l’ancien secrétaire de la commission scolaire, Ed Ellerton.
Un fait curieux dans une photo de l’école de la rue Fisher de 1897 est que la cloche n’y apparait pas. Elle aurait pu être ajoutée à une date ultérieure. Dans une photo de l’Intermediate School du village (aussi appelée “l’éléphant blanc”) une cloche est montée sur la façade avant dans les années 1930. Estce la cloche de la rue Fisher qui expliquerait pourquoi la cloche fut finalement conservée dans l’école Elementary sur le même site?
Dans les années 1970 au cours d’une cérémonie à l’école Elementary, le directeur Fraser Matheson demanda à Dora Upton de donner à l’assemblée une petite histoire de l’école de la rue Fisher où elle avait été élève, enseignante et directrice. La cloche avait été reprise de la remise Ellerton et gisait sur le plancher du gymnase. Alors que quelqu’un s’en souvenait et pouvait en parler, la cloche fournissait aux élèves un sens de rapport avec les enfants du passé qui étaient maintenant devenus leurs grands-parents ou arrièresgrands-parents. Vu le grand intérêt évident, la cloche fut montée sur une base et exposée dans l’école Elementary. Avec le temps, elle devint un de ces meubles anonymes que personne connaissait. Histoire cachée en pleine vue.
Avec des questions sans réponses sur des détails précis, la cloche est un artefact qui fournit un regard sur les influences passées qui ont formé le présent. La cloche est actuellement située dans les Archives Hemmingford.