La maladie de lyme
Recherche et rédaction : Céline Daignault (août 2017)
L’institut de santé publique du Québec (INSPQ) a classé les régions de Hemmingford et de St-Bernard-de-Lacolle, et 26 autres municipalités en Montérégie, ‘zônes endémiques’ c’est-à dire que la population y est à risque significatif d’être exposée à la maladie.
Les débuts 1975. Lyme, Connecticut. 546 kilomètres au sud de Hemmingford. Plusieurs enfants souffrent d’une forme rare d’arthrite rhumatoïde. Fait étrange, de nombreuses personnes du village présentent des symptômes semblables.
Des épidémiologistes découvrent que l’incidence de cette maladie dans la région est cent fois plus élevée qu’ailleurs aux États-Unis. Les nouveaux cas, plus fréquents en été, sont nettement répartis en régions géographiques. Surtout, des patients se souviennent de morsures de tiques dans les mois précédant le début des symptômes. Le lien est fait entre la maladie de Lyme et sa source : la tique.
Généralement, les tiques ne migrent pas, sauf lorsqu’elles s’attachent à des oiseaux en migration qui eux, peuvent couvrir des centaines, voire des milliers de kilomètres. Ce n’est qu’une question de temps avant que des cas ne se déclarent ailleurs.
Les premiers cas ici novembre 2003. Par précaution, le ministère de la santé publique en fait une maladie à déclaration obligatoire. Entre 2004 et 2011, seulement 14 cas sont rapportés, la majorité contractée lors d’un séjour à l’extérieur. Mais voilà, de 2011 à 2016, le nombre de cas passe de 32 à 179, une augmentation de plus de 450% en cinq ans!
Bien qu’une dizaine d’espèces de tiques habitent le Québec, la coupable de la propagation de la maladie de Lyme c’est la tique à pattes noires, aussi connue sous le nom de tique à chevreuil (ixodes scapularis).
Ses hôtes préférés sont des petits mammifères – tamias et écureuil – mais surtout, et c’est ici important, la souris à pattes blanches (peromyscus leucopus). Cette espèce de rongeurs, très souvent porteuse de la maladie de Lyme, vit maintenant près de nos maisons. Le morcèlement de forêts résultant en une diminution de ses prédateurs naturels et le réchauffement climatique ont pour résultat une explosion de sa population dans les régions du sud du Canada. Les tiques ne prennent que trois repas dans un cycle de vie de deux ans, chacun sur un animal différent. La tique-larve qui réussit à survivre à son premier repas pris sur une souris à pattes blanches infectée de la maladie de Lyme absorbe le virus qui dormira dans son abdomen. À son prochain repas, la tiquenymphe, après environ 24 heures à avaler du sang, régurgite, injectant ainsi le virus dans le système de l’hôte. Ensuite, si la tique (maintenant adulte) survit, elle fera la même chose lors du repas final menant à la reproduction.
Si vous découvrez une tique sur votre corps ou sur celui d’un animal de compagnie, il est important de savoir depuis combien de temps elle y est. Il faut l’enlever, évidemment, en suivant les indications usuelles. Les autorités médicales suggèrent de ne pas s’inquiéter si la tique est attachée depuis moins de 24 heures. Notez bien le site de la morsure et la date. Si vous ne savez pas depuis combien de temps la tique est sur vous ou sur votre animal, il est temps de consulter. La maladie de Lyme est facile à vaincre si elle est prise à ses débuts. Les symptômes d’une infection non reconnue commencent par une rougeur sur la peau généralement en forme de cible à l’endroit de la morsure, suivi de fièvre, fatigue, maux de tête, raideur à la nuque, douleurs musculaires et articulaires. Éventuellement, elle peut s’attaquer à un ou à plusieurs systèmes (lésions articulaires, cardiaques, neurologiques, etc) dans les mois ou les années qui suivent.
La prévention est la meilleure des stratégies. Un séjour de 10 minutes à la sécheuse pour les vêtements que vous avez portés dans les zones à risques tue les bestioles. Une douche ou un bain tous les jours les empêchent généralement de s’implanter sur vous. Il existe des vaccins et des traitements pour vos animaux de compagnies. Étrangement, ces traitements et vaccins n’existent pas encore pour les humains.
Références : Lyme Disease, The Ecology of a Complex System. Dr. Richard Ostfeld. Oxford University Press. 2011. Disponible à la bibliothèque de Hemmingford.
www.inspq.qc.ca/zoonoses/maladie-de-lyme
Les tiques, mieux les connaître pour s’en protéger. Dr Alain Villeneuve, professeur de parasitologie, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal