La sagesse des aînés

par Mary Anne Ducharme (version française revisée par Mario Leblanc ) (février 2021)

Il existe un moyen de combattre l’isolement causé par la pandémie de Covid-19. Commencez l’histoire familiale que vous avez toujours voulu faire: compiller les anecdotes et les faits, les histoires joyeuses et tristes. Rapidement dans votre quête, vous vous retrouverez devant un tel mélange de faits réels et de souvenirs folkloriques parfois peu fiables que vous vous sentirez comme un détective. Ce sera peut être pour vous une expédition personnelle à la recherche d’une véritable identité ancestrale. Quelle que soient vos motivations, la recherche vous réservera des surprises et votre esprit s’efforcera de créer un lien avec vos ancêtres qui ont lutté pour créer une vie significative, tout comme vous tentez de le faire.

Parfois, les enfants s’intéressent à l’histoire familiale. Parfois pas tellement. Un truc pour intéresser un jeune esprit à l’histoire, implique des objets tangibles qui peuvent être touchés, utilisés. Les enfants ont besoin de faire quelque chose, créer, photographier, écrire l’histoire. Et l’aîné doit relayer l’histoire aux plus jeunes.

Une bonne façon de commencer est que les aînés de la famille trouvent des moments propices pour raconter des histoires du «bon vieux temps» et ouvrir ces vieilles malles proverbiales dans le grenier pour révéler des objets qui permettent de faire revivre les générations passées.

Un sifflet en laiton, une médaille et un uniforme militaire rongé par les mites au bas du coffre sont faciles à jeter. Seul un aîné de la famille connaît l’histoire de leur appartenance à un arrièrearrière-grand-père qui a perdu l’ouïe parce qu’il était sergent d’artillerie pendant la Seconde Guerre mondiale. La photo de lui a été prise à Nara, au Japon, un jour après le 6 août 1945, lorsque «Little Boy», la bombe à fission, a explosé au-dessus d’Hiroshima. L’histoire devient soudainement plus captivante.

Tout objet peut retrouver sa propre vie quand son histoire est révélé : un drapeau plié en triangle; ustensiles de cuisine inconnus utilisés par l’arrière-arrière-arrière-grand-mère; une photo saisissante de 1890 d’une belle jeune femme en tenue de patinage. Qui sont ces gens? D’où viennent-ils? Comment sont-ils connectés avec nous? Les histoires crient pour être entendues.

Quand ces trésors sont tenus à l’écart de la curiosité des enfants, parce qu’on les conserve trop longtemps «en lieu sûr», il est rendu trop tard pour l’aîné. Il y a un dicton africain qui dit que lorsqu’un aîné meurt, c’est comme si une bibliothèque entière brûlait jusqu’au sol. Conséquence : l’occasion est passée et le lien avec la génération suivante ne se fait pas. Les objets et leur histoire deviennent matières à recyclage.

Les plus jeunes pourront un jour profiter d’un livre pour enfants magnifiquement illustré sur John Peter Scriver, 10 ans. Le livre n’est pas écrit, mais devrait l’être, par un futur jeune écrivain qui aurait de l’imagination et de l’empathie pour un garçon qui a parcouru seul une région sauvage alors que l’un des coureurs du traîneau que les deux bœufs tiraient, s’était brisé. C’était l’hiver 1800 et le sentier étroit qui traversait la région était sombre, avec des loups qui rôdaient autour … Une autre histoire: Jane McNaughton, 17 ans, qui s’est occupée de ses dix frères et d’une sœur suite au décès de sa mère. Elle a sauvé son petit frère qui aurait pu mourir de la variole alors qu’il y avait un grand risque qu’elle tombe malade elle-même. Il y a plusieurs bonnes histoires comme celles-ci pour Hemmingford, mais elles doivent être découvertes, exposées au grand jour.

Si vous devenez «accro à l’histoire», visiter le site ancestry.com vous permet d’agrandir votre champ de recherche et de constater que d’autres personnes partagent votre histoire. Les tests ADN, désormais facilement disponibles, peuvent également donner des résultats surprenants sur les origines géographiques et raciales d’une famille. Et n’oubliez pas nos propres Archives Hemmingford pour découvrir ce que de nombreux aînés savent, mais que les jeunes générations n’ont pas encore entendu.