Le jour le plus sombre

texte et photos : Norma A. Hubbard (traduction : Mario Leblanc)  (décembre 2017)

Cet automne, en marchant dans mes sentiers, j’ai aperçu au sol des branches brisées de bouleau blanc conséquence des grands vent. Les bouleaux sont des arbres fragiles : le fait que les picbois les transpercent continuellement n’aide sûrement pas! Parmi les branches se trouvaient quelques cocottes (pommes de pin): j’en ai ramassées quelques unes. Les bouleaux et les cocottes me ramènent aux Noëls d’antan. J’ai cette image dans ma tête d’une bûche de Noël au centre de la table, composée de bouleau, de branches de pin et de cocottes, en plus de deux chandelles qu’on allumait le jour de Noël. J’ai toujours pensé que c’était une tradition de Noël. Puis en faisant des recherches sur le bouleau à papier j’ai appris à ma grande surprise que c’était originalement un rituel païen. (bûche de Yule).

Le bouleau blanc, ou bouleau à papier (Betula papyrifera), est un arbre indigène répandu à travers tout le Canada. Le terme “papier” vient du fait que l’écorce se détache comme du papier. Mais attention, on peut utiliser l’écorce, qui est à la fois robuste et souple, pour construire un canot! Les jeunes bouleaux ont une écorce rouge foncé : on retrouve la magnifique écorce blanche uniquement sur les arbres adultes. Les bouleaux blancs mesurent de 16 à 25 mètres de hauteur (54 à 82 pieds), avec un diamètre de 40 cm (1,3 pieds). Ils peuvent vivre jusqu’à 120 ans, ce qui représente une vie plutôt courte pour un arbre. Les bouleaux n’aiment pas l’ombre, ils poussent en bordure des forêts, au bord des lacs et des routes où il y a plus de soleil. Les ravageurs, tels que les chenilles de la forêt et les chenilles de la spongieuse, détruisent souvent ces arbres. Même si les bouleaux ne sont pas des arbres magiques, ils font partie de la fête de Yule.

Le terme Yule (écrit parfois Yul ou Iule etc.) vient de l’ancienne fête scandinave de Juul, de tradition pré-chrétienne. La fête commençait le jour du solstice d’hiver alors qu’on allumait une bûche qui devait brûler 12 jours. Dans notre hémisphère, selon l’année, le solstice d’hiver se produit entre les 20 et 23 décembre. C’est le jour le plus court de l’année et le plus sombre. Le symbole de la bûche qui brûle est un hommage au retour voire à la renaissance du soleil. Ces 12 jours représentaient une période de célébration et de réflexion, à la recherche de la paix intérieure. Il était important que la bûche vienne de son propre terrain ou encore ait été reçue en cadeau, mais pas le résultat d’un achat. On ne pouvait toucher la bûche qu’avec les mains propres. C’était habituellement les pères de famille et leurs fils qui choisissaient l’arbre à brûler, un frêne ou un chêne, pour honorer Thor, un dieu scandinave.

Les cendres étaient répandues dans les champs en prévision des prochaines moissons et on conservait les branches pour allumer les feux l’hiver suivant. Notre bûche de Noël (Yule log) a toujours été du bouleau blanc. C’est sûrement mon père qui l’avait coupée et ma mère qui l’avait décorée. Aujourd’hui les bûches sont souvent du bouleau (pas toujours) avec trois chandelles de couleurs variées (rouge, verte, blanche, argentée ou dorée).

Cette année, le solstice d’hiver sera le 21 décembre et ce sera le jour le plus court et le plus sombre de l’année. D’ici là, nonobsant le caractère religieux ou traditionnel de cette journée, passez du bon temps avec votre famille et vos amis, gardez vous des périodes de réflexion et prenez le temps d’apprécier les bienfaits du soleil. Cette année, quand je vais allumer les chandelles de ma bûche de Noël (après m’être lavé les mains évidemment), je vais me souhaiter la paix dans ma vie pendant qu’elles se consument.

Sources : Boreal Forest www.borealforest.org
The Celtic Connection wicca.com
Natural Resources Canada : tidcf.nrcan.gc.ca
Pagan Pages : paganpages.org/