Les effets positifs de la Covid-19 sur notre environnement

par Benoît Bleau (juin 2020)

Les médias nous bombardent quotidiennement d’informations toutes aussi négatives les unes que les autres. Oui, cette pandémie est une catastrophe à bien des niveaux. Cependant, si on compare le nombre de décès qui en découle avec d’autres dus à des causes naturelles, il y a de quoi se questionner sur l’importance qu’on y accorde. Mais ce n’est pas ici le but de ma chronique d’aujourd’hui qui tient plutôt à mettre en lumière les effets positifs apportés par cette pandémie. Il est indéniable que depuis le début du confinement au Québec, à la mi-mars 2020, de nombreuses habitudes de vie ont été chamboulées, parfois tristement mais aussi souvent de belle manière, laissant plus d’espace à la créativité et à l’entraide.

Le premier grand changement que l’on remarque touche le plus grand nombre de personnes puisque tous se nourrissent : la façon de faire ses courses et de s’alimenter n’est plus comme avant. Depuis le confinement, on se déplace beaucoup moins souvent car on regroupe ses courses. Certains même font livrer leur épicerie et fréquemment ce sont des bénévoles qui offrent ce service. C’est toute une belle collaboration qui se met en place entre clients, marchands et membres de la communauté. De plus, la prise de conscience sur la provenance des aliments ainsi que les achats auprès des producteurs et transformateurs locaux augmentent constamment. Ces gestes qui semblent anodins consolident l’économie locale et ont un impact réel sur l’émission de CO2.

Notre façon de travailler a également changé drastiquement. Le télétravail a pris beaucoup d’importance et a permis à plusieurs de prendre conscience que certaines tâches pouvaient très bien s’accomplir à la maison. Il est certain que ça ne remplacera jamais les rencontres « en personne » mais, quand ces dernières ne sont pas obligatoires, pourquoi ne pas travailler à distance. Imaginez l’effet que cela pourrait avoir sur le trafic routier quotidien si la moitié des gens restait à domicile pour travailler. Ceux qui ont à s’aventurer dans les grands centres urbains depuis la mi-mars le constatent d’ailleurs avec bonheur.

Pour les communications, il a fallu être imaginatifs. Les platesformes de téléconférences qui desservaient déjà une infime partie de la population, ont été apprivoisées par un plus grand nombre d’individus qui les utilisent maintenant pour des rencontres familiales, des entrevues, des réunions de conseil d’administration, des assemblées générales, des rencontres internationales, des pratiques de chorales et plus encore. Évidemment cela demande une adaptation, mais sur la plan environnemental, l’usage des platesformes diminue grandement les déplacements. Un ami m’a même avoué que son organisation sauvait des milliers de dollars par mois en frais de transport et qu’une fois le confinement terminé, il remettrait en question le fait de revenir aux méthodes d’avant.

La pandémie aura aussi eu un effet positif sur diverses facettes de la médecine. Nous avons, d’une part, été confrontés aux limites du système actuel, ce qui nous a permis de nous améliorer et, d’autre part, des techniques, comme par exemple la télémédecine, qui avaient beaucoup de difficultés à s’implanter se sont vues propulsées. Maintenant, on peut avoir une entrevue avec son médecin ou son spécialiste sans devoir se déplacer et attendre des heures dans une salle d’attente. Le renouvellement des ordonnances est aussi facilité grâce à des pratiques qui nous simplifient la vie. Certaines habitudes, comme celle du lavement des mains pendant 20 secondes qui est devenu une pratique quasi automatique, ont eu des effets positifs bien au-delà de la Covid-19. Ansi, dans certains pays comme le Japon, les cas de grippe ont diminué de plus de 70%.

Le secteur du tourisme est frappé de plein fouet. Les touristes étrangers se feront rares pour encore un bon moment. En revanche, comme il sera également difficile pour nous d’aller à l’étranger, nous serons plus incités à découvrir nos propres régions et à mieux apprécier notre environnement. Et, comme on hésite encore à fréquenter les amis et la famille élargie, les vacances seront certainement plus « familiales » cet été.

Notre planète se porte beaucoup mieux depuis quelques semaines. On rapporte même que si les restrictions imposées sur le transport aérien et les déplacements sont maintenues jusqu’à la fin de 2020, les émissions mondiales de CO2 pourraient baisser de 7%. Avez-vous remarqué que l’air semble plus propre, qu’on entend mieux le chant des oiseaux et qu’on voit même des animaux qui habituellement se tiennent éloignés des habitations?

Est-ce que tout cela va durer? Qu’allons-nous retenir de cette aventure particulière? Souhaitons que nous conservions les bonnes habitudes prises pendant le confinement. Espérons que nos dirigeants auront appris de cette expérience et que, pour notre part, nous accepterons de changer nos priorités en mettant l’humain et son environnement au centre de nos préoccupations. Et, puisque nous avons pris goût à nous alimenter le plus localement possible, continuons à encourager les petits producteurs que nous avons découverts en cherchant des alternatives aux grandes chaines. Dorénavant, pensons-y deux fois avant d’acheter un billet d’avion quand il est possible de faire autrement. Surtout, efforçons-nous de développer puis de perpétuer de nouvelles stratégies d’emplois, de télétravail, de télé rencontres pour éviter le plus possible les déplacements inutiles. Enfin, faisons en sorte que les liens de solidarité que nous avons établis pour venir en aide aux plus vulnérables de notre communauté soient maintenus et enfin, n’oublions plus jamais d’apprécier les richesses et la beauté qui nous entourent.