Les talents de chez nous – Susan Heller
par Catherine Stratford et Benoît Bleau (août 2017)
Avec cette édition, nous débutons une nouvelle rubrique soulignant l’implication et l’engagement de certaines personnes dans notre communauté. Nous commençons avec une personne qui est une des figures les plus marquantes de notre communauté. Il s’agit de Susan (Sue) Heller.
Sue est née dans le Suffolk, au Royaume Uni, en 1930. Son père était médecin de famille dans un milieu rural. Elle émigra au Québec en 1956 et pratiqua le métier de modéliste dans la région de Montréal. Deux ans après son arrivée, dans un chalet de ski de Ste-Adèle, elle rencontra son futur époux, Hugh, d’origine tchèque. De leur union, naquirent trois enfants, Richard, Andrew et Jane. Mais comme la campagne lui manquait terriblement, Sue supplia son époux de trouver une ferme à la campagne. C’est ainsi qu’en 1967 ils firent l’acquisition de la ferme du chemin Roxham. Pendant 23 ans, ils y allèrent tous les week-ends, puis, en 1990, ils s’y établirent en permanence.
Quatre champs d’intérêt ont toujours monopolisé les énergies de cette femme d’action: l’environnement, la conservation de l’histoire locale, la transmission de ses connaissances et l’organisation du « Woolgathering », foire artisanale sur sa ferme.
En environnement, elle est un des membres fondateurs du Comité pour l’Environnement de Hemmingford. Elle s’est impliquée, au sein de ce comité, dans la mise en place des premiers efforts de recyclage à Hemmingford, dans la conception de sacs réutilisables, dans la distribution annuelle d’arbres et dernièrement, dans l’opération Verre-vert visant à élargir la consigne aux bouteilles de spiritueux. Elle a de plus participé à l’organisation de tours cyclistes thématiques et à l’organisation d’excursions vers un des plus vieux érables du Québec, qui se trouvait alors sur son terrain. Elle fut également de la lutte contre les porcheries industrielles puis, contre l’implantation d’ éoliennes sur des terres agricoles. Elle prêche évidemment par l’exemple en se faisant un devoir d’utiliser le moins de plastique possible chez elle, en cultivant ses légumes et en élevant ses animaux selon les principes de l’agriculture biologique, tout en privilégiant une alimentation végétarienne.
Sur le plan de la conservation de l’histoire locale, elle s’est démarquée en participant à la création de Heritage Hemmingford. Avec cet organisme, elle s’est démenée pour sauver du pic des démolisseurs quelques bâtiments historiques comme le Vieux Couvent, l’école Hallerton, la vieille station de pompiers, le Moulin à bois Keddy et l’école Patenaude. Malheureusement, malgré tous les efforts déployés, ces deux derniers bâtiments ont été démolis. Elle a participé à la création du Musée Keddy dans le moulin du même nom et à l’exposition d’une maquette du village, conçue par Betty McKenzie, tel qu’on pouvait le voir vers la fin du dix-neuvième siècle.
Étant une artiste multidisciplinaire, elle a mis ses talents au service de la communauté en immortalisant de vieux bâtiments au moyen de cartes imprimées à partir de ses aquarelles et en illustrant le livre “Hemmingford en images”. Elle a interviewé les témoins de notre histoire locale, a organisé une exposition de photos de Hemmingford, a conçu une pièce de théâtre dans la maison Stirling et les “Sons et lumières de Hemmingford” dans lesquels 65 citoyens étaient habillés de costumes d’époque trouvés ou créés par elle.
Parler de Sue, c’est dire sa grande simplicité et la générosité qu’elle met à partager ses connaissances. C’est mentionner aussi que ses œuvres sont exposées un peu partout comme à Hemmingford, à St-Valentin et à Montréal. C’est ajouter qu’elle donne des cours d’aquarelle, de filage et de teinture de la laine en plus d’enseigner la conception de vêtements, qu’elle fait partie d’un groupe de tricot et qu’enfin elle nous ravit avec sa délicieuse marmelade.
Finalement, par le biais du “Woolgathering” qu’elle organise chez elle chaque année depuis 25 ans, elle contribue à faire connaître des artisans et des artistes de différents domaines: travaux de la laine, poterie, joaillerie, ébénisterie, nourriture locale et ethnique, tonte de moutons, etc. Elle profite de cette exposition pour soutenir des causes qui lui tiennent à cœur telles que Nali, un refuge local pour animaux, et « Project Ploughshares », un organisme voué à la recherche et à l’action pour la paix, en leur offrant l’espace pour se présenter.
Cette grande dame, malgré les épreuves que la vie lui envoie, malgré les décès de son époux en 1999 et de sa fille Jane en 2014, est d’un optimisme contagieux. Elle croit fondamentalement en ce qu’il y a de beau chez chaque être humain et favorise l’épanouissement de celles et de ceux qu’elle croise sur son chemin.
Merci Sue !