Mûres pour la cueillette
texte et photos : Norma A. Hubbard (traduction : Amelie Delisle Van Wijk) (août 2022)
Cueillir des petits fruits en été, quelle merveilleuse façon de passer le temps. Contrairement à certaines personnes qui ont uniquement cueilli des petits fruits dans des champs d’autocueillette, j’ai de bons souvenirs de cueillettes de petits fruits sauvages. Je me levais tôt le matin, bien avant mes frères et sœurs et, dans l’espoir d’arriver avant les oiseaux, je sortais pour cueillir des petits fruits le long des berges de la rivière. Ça ne prenait pas beaucoup de temps avant de remplir un bol, même en mangeant un fruit cueilli sur deux. Je retournais à la maison, les doigts tachés par les fruits, pleine de piqûres d’insectes et quelques égratignures (parce qu’il fallait parfois s’étirer pour atteindre les meilleurs fruits), mais également avec plein de petits fruits à partager. Ma mère en faisait parfois de la confiture, mais la plupart du temps, nous mangions les petits fruits tels quels. Au fil des années, la végétation a poussé sur les berges de la rivière et a camouflé les petits fruits. Toutefois, si vous savez où chercher, il est toujours possible de trouver des petits fruits sauvages. Les mûres sauvages ont besoin de soleil et d’eau, donc ces plants se trouvent souvent le long des fossés ou à la lisière des forêts.
Il existe plusieurs espèces de mûres sauvages au Canada. Un fruit commun dans notre région est la ronce des Alléghanys (Rubus allegheniensis), une sorte de mûre, du moins, je crois. Lorsque j’étais enfant, on m’a dit que les mûres étaient des framboises sauvages à cause de leur ressemblance à un dé à coudre (en raison du nom anglais « thimbleberry » où « thimble » signifie dé à coudre). Maintenant, il semble que les gens avaient tort, en fait, identifier les mûres sauvages est souvent difficile. Ce que certains appellent des framboises noires, sont souvent appelés des mûres sauvages. De nombreux petits fruits sont rassemblés sous le terme général de mûre. En Angleterre, on les appelle ronce des bois (Rubus fruticosus). Peu importe comment vous les appelez, les mûres sauvages viennent du genre Rubus, qui fait partie de la famille des Rosaceae ou Rose, et leurs fruits sont délicieux.
Les mûres sauvages sont pérennes puisque leurs racines survivent à nos hivers. Toutefois, les tiges, la partie supérieure de la plante, sont considérées comme étant bisannuelles. Chaque année, une fois que les tiges meurent après avoir produit un fruit, les plants font pousser de nouvelles tiges pour remplacer les anciennes. Ces vieilles tiges doivent être coupées si vous faites pousser des mûres. Les plants de mûres sauvages peuvent être invasifs, donc faites attention si vous tentez de transplanter des plantes sauvages.
Les mûres produisent des fleurs blanches ou roses au printemps, offrant de la nourriture aux abeilles et aux autres insectes à la recherche de nectar. Au début de l’été, les fruits sont d’abord verts, puis virent au rouge pour finalement mûrir et devenir bleu foncé ou noirs et sont très odorants. Les animaux restent souvent dans un coin où il y a une abondance de petits fruits pour attendre que les fruits soient mûrs. Puisque l’objectif de la nature est de survivre, les graines de la plante doivent être dispersées, ce qui est fait par les oiseaux et les animaux mangeant les petits fruits. La majorité des plants de petits fruits atteignent une hauteur d’environ deux mètres (6 pieds), ce qui permet aux animaux d’atteindre facilement le fruit. En plus des oiseaux, des écureuils, des ratons laveurs et des renards, les ours apprécient également les petits fruits. Lorsque j’étais petite, je ne réalisais pas que j’étais en compétition avec les ours, et je suis peut-être juste chanceuse de n’avoir jamais rencontré un ours pendant mes séances de cueillette. En tant qu’adulte, je mentionne à tous ceux qui cueillent des petits fruits dans les bois d’être attentifs aux ours puisque des ours noirs ont été aperçus dans notre région. C’est toujours une bonne chose de partager les trésors de la nature avec la faune. Même lorsque j’étais jeune, j’en laissais toujours pour les oiseaux. Ne cueillez jamais tous les fruits d’un endroit.
Les mûres doivent être cueillies lorsque l’ensemble du fruit est noir. S’il reste du rouge, le fruit sera acide. Contrairement à d’autres fruits, les mûres ne continuent pas de mûrir une fois qu’elles sont cueillies, donc ce que vous cueillez est ce que vous mangerez. Le petit fruit doit tomber de la branche, donc si vous devez le tirer, il n’est pas mûr. Dans la nature, il n’est pas nécessaire de laver les petits fruits à moins de vouloir se débarrasser des insectes. Les petits fruits sont la collation idéale, vous n’avez qu’à les manger fraîchement cueillis, insectes et tout. J’ai déjà trouvé un buisson de petits fruits et je n’avais pas de contenant. La nature m’en a offert un également : j’ai rassemblé trois grandes feuilles de vigne et voilà! J’avais un bol pour ramener les petits fruits chez moi.
Il est bien établi que les petits fruits sont pleins d’antioxydants. On croit que les antioxydants dans les mûres peuvent réduire les cellules cancérigènes dans notre corps ainsi qu’aider à réduire le cholestérol, à prévenir les maladies cardiaques et à améliorer notre digestion. Pas mal pour un petit fruit sauvage qui goûte délicieusement bon. En plus, cueillir des petits fruits sauvages dans la forêt peut être une activité très relaxante et je me sens toujours mieux après… il faut juste faire attention aux ours!
Sources : Almanac.com/plant/blackberries; Britannica.com/plant/blackberry-fruit