Pandémie de grippe espagnole de 1918
par Pauline Smith (traduction : Amelie Delisle Van Wijk) (février 2018)
Il y a un siècle, une grippe meurtrière a frappé le monde, tuant environ un cinquième de la population mondiale. Le nombre exact de morts est inconnu, certains comptes rendus mentionnent plus de décès, d’autres moins. C’était un virus mystérieux, touchant davantage les jeunes et les personnes en santé de 20 à 40 ans que les personnes âgées; un phénomène qui a laissé les scientifiques perplexes jusqu’à tout récemment. Des scientifiques de partout dans le monde ont étudié ce virus pendant un siècle et n’ont pas été en mesure de l’expliquer. En 2014, Michael Worobey et une équipe de chercheurs de l’Université d’Arizona ont résolu ce mystère. Son étude met non seulement en lumière la composition et les conséquences du virus de la grippe espagnole, mais elle a aussi permis d’améliorer les stratégies de vaccination contre la grippe et la prévention des pandémies dans le futur. Toutefois, d’autres mystères doivent encore être résolus si la science veut être en mesure de créer un « super » vaccin contre la grippe et les scientifiques y travaillent.
Une épidémie fait référence à une éclosion d’une maladie infectieuse qui est localisée ou limitée géographiquement. Une pandémie, quant à elle, se retrouve à l’échelle mondiale. Depuis 1918, il y a eu 3 pandémies, une en 1957, une en 1968 et une en 2009, moins dévastatrice, mais qui a tout de même causé de nombreux décès. La pandémie de 2009, aussi connue sous le nom de grippe H1N1, était une souche du virus de la grippe espagnole, mais d’une ampleur moindre puisque la population mondiale était mieux préparée. La médecine moderne et de meilleures connaissances en matière de prévention ont aidé à contenir la maladie.
Les répercussions de la grippe espagnole au Canada sont troublantes: environ 50 000 personnes sont décédées de la grippe, en plus des 60 000 décès causés par la Première Guerre mondiale. Lorsque les deux parents sont décédés de la grippe, ou bien que l’un d’entre eux a succombé à la maladie et que l’autre est mort au combat, de nombreux enfants sont devenus orphelins. De nombreuses familles ont donc été privées de leur principale source de revenus. En 1918, la population du Canada était d’environ 10 millions. Au pays, cela représente 1 personne sur 200 qui a succombé à la grippe. Des milliers d’autres ont été infectées, mais se sont rétablies.
En 1918, il n’existait pas d’organisme national de la santé ou de politique pour guider la population en matière de santé. Les provinces et les municipalités devaient alors se débrouiller seules avec les maladies infectieuses. À l’époque, il n’y avait qu’environ 4000 docteurs dans l’ensemble du Canada. Les services de santé locaux n’étaient pas préparés et intervenaient tardivement, une fois que les événements étaient survenus. Les groupes communautaires établissaient des centres de quarantaine d’urgence et promettaient de prendre soin de ceux qui venaient. Les responsables de la santé publique imposaient l’utilisation de masques, mais ces derniers devenaient rapidement infectés par des bactéries s’ils n’étaient pas changés fréquemment. Les malades mourraient tellement rapidement que les fabricants de cercueils n’étaient plus en mesure de répondre à la demande. Pour des raisons sanitaires, les corps devaient alors être enterrés, en grande partie dans des fosses communes. Dans les circonstances, un salon funéraire débordé de Toronto a placé 24 corps dans le garage. De plus, une famille de la campagne a dû, selon les dires, placer les corps sur le toit en hiver jusqu’à ce qu’ils puissent être enterrés. La grippe s’est répandue dans les villes, les villages, les secteurs ruraux et les communautés isolées. Un village du Labrador, composé de 226 habitants, a, quant à lui, été réduit à seulement 59 personnes une fois la grippe terminée. La grippe s’est finalement éteinte d’elle-même en 1919, puis est resurgie en 1920 sous une souche moins virulente.
Depuis 1918, la Croix Rouge offre davantage de services pour inclure les urgences et les crises publiques. En 1919, un Ministère de la Santé fédéral a été créé pour offrir un cadre national. Aujourd’hui, l’intervention en matière de pandémie au Canada est guidée par des organisations internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé et l’ALENA. Ce type d’intervention a été étudié et mis à jour par un Comité sénatorial après la pandémie de 2009. Nous sommes mieux préparés, mais savoir si l’intervention serait suffisamment rapide pour éviter une catastrophe majeure reste à vérifier.
Le virus de l’influenza est difficile à éradiquer puisqu’il se transforme d’une année à l’autre. Il est aussi capable de prendre du matériel génétique d’autres animaux à sang chaud qui portent la même souche de virus qui affecte les humains. Lorsque cela survient, le système immunitaire humain peut ne pas reconnaître la nouvelle menace, ce qui engendrera des conséquences désastreuses. C’est là que survient une pandémie et c’est pourquoi il est recommandé de vous faire vacciner pour la grippe chaque année.