Promotion de sous-vêtements de laine

par Mary Ducharme  (avril 2021)

À l’époque du magasin Stringer, appartenant à Francis Stringer, une ruée de Plattsburgh vers Hemmingford était possible. Les journaux annonçaient une promotion de sous-vêtements masculins tout-laine pour seulement $3.25! Évidemment, le client serait au chaud mais il aurait aussi des démangeaisons. Alors Francis eut la bonne idée d’offrir aussi des sous-vêtements “préférés” (sans laine) pour seulement $2.25.

Francis avait évidemment le sens de l’humour. Dans Two Hundred Years of Hope and Challenge, George MacKenzie raconte qu’il était le premier à organiser une parade du Père Noël à Hemmingford. Les parents achetaient des cadeaux à leurs enfants et les laissaient au magasin. Plus tard les enfants venaient voir le Père Noël croyant qu’il leur avait apporté leurs cadeaux. Alister Somerville dans son livre Hemmingford Then and Now décrit Francis comme un jeune homme énergique qui était un ardent promoteur de tout ce qui se passait dans le village. Alister se souvenait de la parade de Noël marchant dans les rues de Hemmingford et le Père Noël arrêtant devant le magasin Stringer et, bien entendu, tous les enfants et leurs parents y entraient. C’était un bon coup de publicité qui soutenait aussi l’esprit communautaire. Cette parade était un des événements marquants de Noël.

Francis avait acheté le magasin de Wilmer et Martin Fisher, qui avaient déménagé le bâtiment sur la Rue Est, orientée vers le nord. L’ancien site fut acheté par la CIBC pour y établir la banque et le stationnement. Francis acheta aussi un bâtiment de R.W. Blair où il résidait avec son épouse Ernestine et leurs douze enfants. Il agrandit le magasin et construisit un entrepôt pour y inclure l’ameublement dans son commerce. Le défunt Marc Stringer, frère de Francis, décrivit le carrefour dans les années 1930, comme la place la plus occupée dans le village: “Le pôle d’attraction du village…. “Le Coin” c’est-à-dire, le carrefour des deux rues du village et le lieu de rencontres et d’activités par excellence”.

Jim Laurie du chemin Brownlee fit don aux archives d’une liasse de reçus du magasin Stringer de 1936. Parmi les achats du père de Jim, Douglas Laurie, on retrouve une paire de souliers à $2 et trois miches de pain pour 24 cents. À l’époque, le prix de était de la douzaine d’oeufs était 14 cents, et le lait coûtait 10 cents la pinte. La vanille était une belle aubaine à 10 cents la bouteille.

En comparaison, actuellement sur le marché, une bouteille de vanille pure de huit onces coûte le gros prix à $29 soit 62 cents par cuillerée à thé! Il n’est pas rare que les souliers de cuir pour hommes coûtent plus de $130; le pain coûte près de 3$ la miche; les oeufs sont à $3,50 la douzaine; et un litre de lait est à $2,50.

Francis était diabétique, ce qui mit fin à sa courte vie à l’âge de 43 ans, le 17 février 1948. Suite au décès de Francis, la communauté perdit le goût pour la parade de Noël et elle disparut un certain temps. Et, Alister Somerville d’ajouter : “La Chambre de Commerce en prit charge et la remit en marche à nouveau. Elle attira beaucoup de gens le long des rues, finissant devant le garage de Fortin Frères où le Père Noël distribuait des bonbons et des cadeaux. Nous avions 500 ou 600 spectateurs, parfois même plus. Le jour précédent nous préparions les bonbons et je pense que nous en avions autour de 600 sacs. Nous apportions les bonbons à la résidence des enfants qui étaient malades et qui ne pouvaient pas venir. Mais nous avons perdu le contrôle de la parade: au lieu de seulement les enfants du village, il en venait de tous les villages environnants: Saint-Chrysostome, Lacolle et Sherrington. Nous n’avions plus assez de bonbons pour tout le monde et pour cette raison nous avons donc dû mettre un terme à la Parade du Père Noël”.

De 1947 à 1964, Walter Smith y tenu une épicerie et offrit la livraison à domicile. En 1970 le magasin fut la proie des flammes, mais il fut reconstruit par Walter et Edwin Keddy et Norman Akester, et réouvert en octobre 1971. Gérald Smith en fit alors l’acquisition et l’opéra sous la bannière Stedman. Lorsque Gérald se retira en mars 2013, le magasin fut acheté par Faith Gower et Martin Tremblay. Il est maintenant opéré sous le nom de Variétés Hemmingford.

On retrouve les pierres tombales de plusieurs Stringers dans les divers cimetières de Hemmingford. L’avis de décès de François Xavier Stringer (1905-1948), dans Le Gleaner, indique que le fils de Narcisse et Melina a été enterré dans le cimetière catholique de Hemmingford.