Qu’est-ce qu’on mange pour souper?
par Norma A. Hubbard photos : Mario Aquilina (traduction : Amelie Delisle Van Wijk) (avril 2021)
Après une bonne journée de travail dans le potager, il était temps de relaxer. Et quel meilleur moyen de relaxer que de prendre un verre de vin, assise confortablement sur une chaise berçante, avec une vue incroyable sur les mangeoires à oiseaux. J’adore regarder les oiseaux à la fin de la journée alors qu’ils se dépêchent à manger une dernière fois avant la tombée de la nuit. Ce jour-là, j’étais excitée puisqu’il y avait un oriole de Baltimore (Icterus galbula). Au fil des ans, je n’en ai vu qu’à une ou deux reprises, et jamais sur les mangeoires. J’étais donc très heureuse que l’un d’entre eux vienne me visiter depuis quelques jours. C’était parfait. Parfait jusqu’à ce que, zoom, un cri, et il était parti! Un épervier s’était approché et avait attrapé l’oriole. Quoi! J’ai couru à l’extérieur en faisant bouger mes bras et en criant à l’épervier « Lâche-le! Je n’ai qu’un seul oiseau orange stupide épervier! » Je pouvais entendre le cri de l’oriole et j’ai vu, au haut d’un arbre, son corps orange vif dans les serres de l’épervier. Puis, sans même un regard dans ma direction, l’épervier est parti avec son souper.
Il y a de nombreux éperviers dans notre région, celui qui est venu à ma mangeoire était un épervier de Cooper (Accipiter cooperii). Les éperviers de Cooper sont difficiles à identifier puisqu’ils sont souvent confondus avec les éperviers bruns (Accipiter striatus). Les différences sont subtiles. Les éperviers bruns sont plus petits que les éperviers de Cooper. Ces derniers ont une tête plus grosse et carrée, et le haut de la tête est foncé, comparé aux éperviers bruns qui ont une tête foncée. Les éperviers de Cooper ont les yeux rouges, quoique les jeunes peuvent avoir les yeux jaunes.
Les plumes de queue de l’épervier de Cooper sont arrondies contrairement aux bouts carrés des plumes de l’épervier brun. Bien que les plumes puissent être cachées les unes sous les autres et sembler plus carrées. Une autre raison pour laquelle ils sont difficiles à différencier est que les femelles des deux espèces sont plus grosses que les mâles. Donc, un épervier brun femelle de bonne taille peut être confondu avec un petit épervier de Cooper mâle. Les éperviers de Cooper femelles sont d’une longueur de 42 à 45 cm (16,5 à 17,7 po) comparés aux mâles qui sont d’une longueur de 37 à 39 cm (14,6 à 15,3 po). Tout ça pour dire, bonne chance dans l’identification des éperviers!
Étant plus petits, les éperviers de Cooper mâles se tiennent habituellement loin des femelles, à moins qu’elle présente un intérêt pour un partenaire, sinon ils peuvent devenir une proie au lieu d’un partenaire! Lorsque les éperviers de Cooper s’accouplent, c’est le mâle qui construit principalement le nid. Une partie de la séduction exige que le mâle fasse une révérence à la femelle avant de commencer à construire le nid. Les nids peuvent prendre quelques semaines à fabriquer et se trouvent principalement dans les conifères, à environ 8 et 16 m (25 à 50 pi) du sol. Les nids sont une impressionnante structure de branches et de brindilles, d’un diamètre de près de 70 cm (27 po) et d’une profondeur pouvant aller jusqu’à 45 cm (6 à 17 po). Une petite dépression en forme de coupe se trouve au centre et le nid est revêtu de morceaux d’écorce et de brindilles souples. Le mâle nourrira la femelle alors qu’elle couve les œufs. Puis, lorsque les oisillons éclosent, il nourrit ces derniers jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de quitter le nid. Les éperviers de Cooper n’auront qu’une seule nichée par saison avec deux à six œufs par couvée.
Les éperviers de Cooper volent de manière incroyable et naviguent à travers les arbres à haute vitesse, ce qui les rend encore plus difficiles à identifier puisqu’ils volent à travers nos cours très rapidement, souvent à la poursuite d’oiseaux de taille moyenne comme les étourneaux, les pigeons, les merles et les geais. Nos petits oiseaux chanteurs ne sont pas vraiment une cible. Fait intéressant, Cornell indique que, sur 300 squelettes d’éperviers, près du ¼ avaient des fractures guéries, particulièrement sur le sternum, indiquant que c’est le prix à payer pour leurs chasses à haute vitesse! Les éperviers mangent également de petits mammifères comme les tamias, les souris et les écureuils. Les éperviers, comme la plupart des oiseaux, ont un excellent sens de la vue, donc un oiseau orange vif représente une cible facile!
Au fil des ans, les populations d’épervier de Cooper sont demeurées stables, quoique les pesticides, comme le DDT, les ont presque déjà décimées. Les éperviers vivent habituellement en forêt. Au cours de cette pandémie, il semblerait qu’il y a davantage d’éperviers dans nos cours. Je crois que c’est l’un des « cadeaux » que cette pandémie nous a offerts, davantage de temps pour observer les oiseaux, pas davantage d’oiseaux. Je tiens à remercier Mario Aquilina qui m’a gracieusement donné la permission d’utiliser ses magnifiques photos qu’il a prises d’un épervier de Cooper qui se trouvait dans sa cour. D’ailleurs, après que mon « stupide épervier » soit parti avec l’oriole, j’ai continué à observer les oiseaux lorsque, à ma surprise, un autre oriole est venu sur la mangeoire. Oh, me suis-je dit, il y en a plus d’un… et il est mieux de faire attention, sinon il deviendra un repas lui aussi!