Un simple petit oiseau brun
par Norma A. Hubbard (traduction : Amelie Delisle Van Wijk) août 2020
Si on écoute attentivement le bruit des oiseaux et de la faune, il est possible de reconnaître des sons différents ou nouveaux qu’on n’entend pas habituellement. Une fois, alors que je jardinais, je n’ai pas remarqué le nouveau bruit au départ, mais après un certain temps, celui-ci a commencé à envahir ma quiétude et je me suis demandé «Mais qu’est-ce qui fait tout ce bruit?» Ce n’était pas le chant habituel des oiseaux. Celui-ci était insistant, une alarme qui réclamait mon attention. Je me suis assise tranquillement, j’ai écouté et j’ai observé. C’était un petit oiseau brun et je n’ai pas eu à attendre longtemps pour comprendre son agitation : il y avait un renard! Depuis ce jour, et presque à tout coup, je «décèle» l’alarme rapidement. Après l’avoir entendue, je sais que je pourrai bientôt voir le renard. Maintenant, je pense au troglodyte familier (Troglodytes aedon) comme le «petit chien de garde» du monde des oiseaux, mais curieusement, il est connu comme le roi des oiseaux.
Bien que les troglodytes familiers soient des oiseaux minuscules (ils pèsent environ l’équivalent de deux 25 sous), ils sont féroces. J’ai déjà observé des hirondelles plonger vers des troglodytes en croyant qu’elles les attaquaient. Il s’est toutefois avéré plutôt qu’elles défendaient leurs nids contre les troglodytes! Les troglodytes envahisseurs peuvent être la raison pour laquelle certaines hirondelles, certains merles bleus et certaines mésanges n’arrivent pas à se reproduire. Les troglodytes détruisent les œufs des autres oiseaux et s’installent dans leur nid. Lorsqu’ils ne pillent pas, les troglodytes utilisent des nichoirs artificiels ou tout autre petit recoin qu’ils trouvent, comme l’a observé Benoît Bleau. C’était gentil de sa part de laisser les troglodytes nicher dans le tuyau d’échappement de son tracteur pendant plus de 2 mois, ou peut-être c’est parce qu’ils l’ont chassé!
Les troglodytes mâles mettront même au défi les mâles nicheurs. S’ils réussissent, ils feront tomber les œufs ou tueront les oisillons du mâle perdant pour commencer leur propre famille. Les troglodytes familiers peuvent avoir 1 ou 2 couvées par saison avec de 3 à 10 œufs chacune. La température du nid ne doit être, ni trop chaude, ni trop froide, sinon les œufs mourront. C’est pourquoi les troglodytes ont tendance à nicher dans des zones ombragées. Bien que les troglodytes aient réussi à chasser les hirondelles des nichoirs sur les poteaux au milieu de ma cour, j’ai remarqué qu’ils ne les ont pas réutilisés. Ils ont plutôt choisi les vieux nichoirs sur le côté nord d’une remise. Les couples se séparent habituellement à la fin de l’été et choisissent de nouveaux partenaires au printemps suivant.
Les troglodytes familiers sont très communs partout en Amérique du Nord. Ils sont l’un des oiseaux chanteurs les plus prolifiques. Habituellement, les troglodytes préfèrent un secteur boisé et ouvert. Les troglodytes, comme de nombreux oiseaux, aiment rechercher leur nourriture dans les branchages. Donc, c’est toujours une bonne idée, si vous élaguez vos arbres, de laisser une pile de branches pour les oiseaux.
Les troglodytes sont rarement observés dans des forêts denses. Ils ont tendance à manger davantage des insectes au sol, comme des coléoptères, des chenilles et des perce-oreilles, mais ils mangent également certaines mouches et cicadelles. Les troglodytes incorporent souvent des œufs d’araignée dans les matériaux utilisés pour bâtir leur nid. De cette façon, lorsque les œufs éclosent, les araignées mangeront les acariens qui infestent souvent leurs nids. Et, j’imagine, qu’après que les araignées aient fini de nettoyer le nid, elles deviennent le souper des troglodytes!
Dans le folklore, il existe une histoire racontant que les oiseaux voulant se choisir un roi, organisèrent un concours pour identifier l’oiseau qui pouvait voler le plus haut. Tous les oiseaux essayèrent, mais seul l’aigle réussit à voler plus haut que tous les autres. Toutefois, alors que l’aigle se fatiguait et amorçait sa descente, le petit troglodyte s’envola de sa cachette parmi les plumes de l’aigle et vola plus haut encore, se déclarant alors le roi! Bien sûr, le troglodyte avait triché et les plus gros oiseaux décidèrent de le tuer. Celui-ci passa alors le restant de ses jours à se cacher des oiseaux plus gros.
De plus, on croit que les troglodytes ont causé la mort de saint-Étienne en indiquant à ses ennemis sa cachette. Par conséquent, le jour de la chasse aux troglodytes est célébré le jour de la Saint-Étienne, soit le 26 décembre. Cette fête est encore célébrée dans certaines parties de l’Irlande, quoique personne ne tue réellement de troglodytes aujourd’hui. Ironiquement, on considère également que cela porte malchance de tuer un troglodyte. Peu importe que vous aimiez les petits troglodytes, ou que vous les haïssiez, ils font partie de notre région et sont plutôt infâmes pour un simple petit oiseau brun.
Sources : All About Birds, Cornell University [en ligne];
LittleBrownWren.Com [en ligne]
The Smithsonian Institution Magazine [en ligne]