Walter Bernard Smith : un parlementaire de Hemmingford

par Mary Ducharme (traduction : Mario Leblanc)  (octobre 2017)

Deux fils de Hemmingford ont évolué en politique sur la scène fédérale : Julius Scriver sous John A. Macdonald, et Walter Bernard Smith sous Pierre-Elliott Trudeau. Récemment, Gerald Smith, le fils de Walter, a partagé avec nous les souvenirs de son père dont deux albums de découpures de journaux relatant la carrière politique de cet irréductible libéral.

Ces scrapbooks, assemblés par Gaétane Payant Smith, l’épouse de Walter (originaire de St-Chrysostome), nous révèle un homme extraordinaire qui a donné une voix aux districts ruraux de la toute nouvelle circonscription électorale de St-Jean. Son défi : souder ensemble une circonscription qui s’étend de Hemmingford et Havelock jusqu’à Iberville, et de la frontière américaine à Mercier.

Sa carrière a débuté en politique provinciale quand il est devenu président de l’association libérale du Québec. La visibilité que lui a procurée ce poste lui a permis de se présenter et d’être élu député de St-Jean en 1968, et ainsi devenir membre du parlement canadien. Malgré son implication aux niveaux provincial et fédéral, il a toujours conservé des liens amicaux avec ses concitoyens de Hemmingford.

Comme député, il s’est assuré que le Collège Militaire de St-Jean obtienne une subvention de $50 millions, idem pour d’autres organismes. Comme ministre des approvisionnements et services, il a été impliqué dans les négociations du département de la défense nationale pour l’avion militaire Lockheed. Comme président du comité national de l’agriculture, il a améliorié la règlementation du commerce agricole de façon à protéger davantage les producteurs locaux. Dans une de ses interventions à la Chambre des Communes, il a parlé du sol riche de notre région qui en fait le plus beau des jardins maraîchers du Québec, mais “pendant que certaines denrées périssables pourrissent dans les champs, des légumes sont importés au Canada par pleins camions.” Il s’est aussi battu pour une hausse des revenus de pension pour les familles à faible revenu, les vétérans et les veuves.

Walter, surnommé “W.B.” est né le 26 mars 1912 à Hemmingford. Il est le fils de Mary M. White Smith et de Bernard J. Smith dont les ancêtres étaient irlandais. Il est un des cinq enfants qui ont grandi sur une ferme de la rue Fischer. Il a fréquenté l’école de la rue Fischer et l’Académie St-Thomas d’Aquin, puis il est devenu douanier. En 1947, il a acheté le magasin Stringer (Stedman). Les ambitions de Walter étaient toutefois autres que mercantiles : il a commencé à s’impliquer dans la vie politique de Hemmingford. Il a été conseiller municipal pendant 24 ans (1941-1965) et maire les deux années suivantes. De plus, il a été un membre fondateur et vice-président de la Chambre de Commerce, un directeur du club de golf, a travaillé pour la commission scolaire et a été Chevalier de Colomb.

Défenseur du québécois moyen, il parlait couramment l’anglais et le français pour des raisons “d’unité, de justice, de paix et de prospérité”. Ses convictions “anti-indépendance” lui ont attiré quelques ennuis et il fut la cible des moqueries de la part de ses rivaux conservateurs dans des caricatures mettant en évidence sa coupe de cheveux en brosse. Trudeau était son principal allié. Ils partageaint les mêmes opinions sur plusieurs sujets, notamment sur le fait que l’industrie et l’agriculture devraient évoluer côte à côte. “Walter Smith est celui qui peut le faire” a déclaré Trudeau.

Les exigences de la vie publique de Walter ont eu des conséquences négatives sur la vie de sa famille. Son épouse Gaétane, qui l’accompagnait fréquemment en public, a souffert d’une douleureuse maladie des os. Il devenait de plus en plus difficile pour elle de composer avec le flot de visiteurs à leur résidence et les nombreuses absences de Walter. Attendre après Walter est devenu une grande part de sa vie : quand elle l’accompagnait à St-Jean, elle devait parfois l’attendre plusieurs heures dans la voiture quand les réunions s’éternisaient. Idem, quand ils louèrent un appartement à Ottawa pour passer plus de temps ensemble. Les absences de Walter ont aussi affecté leurs trois enfants : Pauline, Gerald et Claudette. Gerald se rappelle très bien le jour où son père lui a confié la responsabilité du magasin Stedman : son futur était déterminé pour les décennies à venir.

Le stress rattaché à la vie polique a participé au déclin de la santé de Walter. Il a souffert d’ulcères d’estomac et a développé des problèmes cardiaques. Il est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 75 ans, le 3 octobre 1987. Il s’était retiré de la vie polique en 1976.

30 ans après sa mort, on peut affirmer que son œuvre n’a pas reçu l’attention et la reconnaissance qu’elle mérite. Si vous voulez en savoir plus sur la contribution de Walter Bernard Smith à la vie publique, vous pourrez consulter les Archives de Hemmingford après l’ouverture de nos nouveaux locaux cet automne.