Parler aux oiseaux

texte et photos : Norma A. Hubbard, traduction : Mario Leblanc  (avril 2017)

Bien des gens riraient s’ils me voyaient nourrir mes oiseaux tous les matins en robe de chambre – oui, ce sont «mes» oiseaux bien qu’ils soient sauvages. Si l’été je suis pieds nus, l’hiver, je mets des bottes et je porte un manteau sur ma robe de chambre. Je remplis un pot de graines de tournesol et je me dirige vers les mangeoires en appelant “Venez mes oiseaux”. Les mésanges à tête noire (Poecile atricapillus – en anglais “chickadee”) sont les premières arrivées: je leur parle (“Hello my little chickadee, dee, dee …”) et j’aime à penser qu’elles me répondent! Les mésanges sont parmi mes oiseaux favoris et, pour mon plus grand plaisir, elles sont présentes toute l’année.

Bien que je m’imagine que les mésanges me parlent, en réalité elles font entendre leur chant parfois complexe pour avertir les autres oiseaux, notamment de la présence d’un prédateur. Plus la menace est grande, plus le chant comportera de notes et sera sonore. Si on porte attention, on remarquera souvent l’apparition d’un “intrus” sur notre terrain suite à leur avertissement.

Il n’est pas étonnant que les ornithologues apprécient ce petit oiseau si amical. La mésange est vraiment curieuse : c’est le seul oiseau qui vient manger dans ma main! En fait, elle prend une graine dans ma main et se sauve rapidement pour aller la manger en toute sécurité. La mésange ne pèse qu’une demi-once (9-14g) et semble tellement légère quand elle se pose sur ma main. Elles vont et viennent pendant des heures autour de mes mangeoires, mangeant et recueillant des graines. Elles se nourissent également d’insectes et d’araignées surtout quand il fait très chaud. Elles dissimulent des graines un peu partout et peuvent se rappeller de milliers de cachette. La mésange n’est pas l’oiseau le plus spectaculaire mais son petit chapeau noir lui donne une allure distincte. Elle est plus petite qu’un moineau, mesurant de 4 à 6 pouces (12 à 15 cm) avec une envergure de 6 à 8 pouces (16 à 21 cm).

Les forêts de notre région représentent un habitat idéal pour les mésanges. Les vieux trous faits par les pics bois peuvent servir de nids ou d’aire de repos mais les mésanges mâles et femelles peuvent aussi unir leurs efforts et creuser leur propre cavité à un endroit choisi par la femelle. C’est également elle qui construit le nid en le “tapissant”, si possible, de fourrure de lapin. Un couple peut avoir une couvée de 1 à 13 œufs par saison. La période d’incubation est de 12-13 jours et le jeune demeurera dans le nid de 12 à 16 jours. Éventuellement, la progéniture va joindre un autre groupe de mésanges et chacune des mésanges aura sa propre cavité pour dormir, même en hiver. Le record de longévité pour une mésange est de 12 ans et 5 mois.

Il n’y a pas d’inquiétude pour la survie des mésanges, ce qui est une bonne chose puisque le charme de ces petits oiseaux me rend heureuse à tous les jours, et je ne peux m’imaginer un monde sans oiseaux. Même si l’hiver tire de plus en plus sa révérence, les nuits demeurent froides pour les oiseaux. Durant les nuits les plus froides, la température corporelle d’une mésange peut baisser de 10°c par rapport au jour. Il est donc important de garder nos mangeoires bien remplies … et si vous écoutez attentivement, vous allez peut-être entendre une mésange vous remercier!

Références: Cornell Lab of Ornithology [en ligne]; Hinterland Who’s Who [en ligne]